(CRP/Syfia) A Pointe-Noire, Marceline Loubondo accueille des enfants maltraités et forme à différents métiers des jeunes femmes en difficulté. Grâce à son énergie, certaines ont reconstruit leur existence.
Au Marché Tiè-Tié de Pointe-Noire, dans le 3e arrondissement de la capitale économique, à quelques pas du siège de la communauté angolaise, Mérite Kinzonzi, la vingtaine révolue, célibataire avec un enfant à charge, gère un atelier qui porte bien son nom : Mérite couture.
Mérite fait partie des 75 jeunes filles de Pointe-Noire qui ont bénéficié depuis 2008 de formations en coupe couture, broderie et pâtisserie, offertes par le Mouvement des mères pour la paix, une association de droit congolais crée en 2002, présente aussi à Brazzaville. A Pointe-Noire la section compte une centaine de membres et est dirigée par Marceline Loubondo, journaliste à la télévision Congolaise, mariée et mère de 6 enfants.
Pour Marceline, "les filles ne doivent pas tout attendre des hommes, mais plutôt se prendre en charge en apprenant un métier. Elles seront ainsi également moins exposées à la rue et aux maladies sexuellement transmissibles comme le VIH/Sida." Le centre de formation de son association forme des apprenantes confiées par le service social de Pointe-Noire, des associations et des familles. Toutes sont des jeunes femmes en difficulté, notamment des filles mères.
"Plus qu’une mère pour moi"
Au Mouvement des mères pour la paix, les apprenties semblent trouver une seconde famille. "Maman Marceline ne cessait de nous parler de l’intérêt d’apprendre un métier. 'Prenez au sérieux votre formation c’est votre avenir !', nous répétait-elle", se souvient encore Mérite Kinzonzi. Elle résume : "Marceline Loubondo nous a appris beaucoup de choses. Cette personne est une grâce !"
Hormis le centre de formation, Marceline, qui a aussi un cursus d’assistante sociale, héberge depuis 2008 souvent chez elle des victimes de maltraitance ou de travaux forcés. A ce jour, plus de 20 enfants ont séjourné chez elle avant que les pouvoirs publics, par le biais de la direction départementale des Affaires sociales de Pointe-Noire, aient résolu leur problème. "Marceline est plus qu’une mère pour moi. Quand j’ai pu m’échapper de mes bourreaux, c’est elle qui m’a reçue", témoigne Rosalie, une Béninoise. Rosalie a passé 8 mois chez Marceline avant d'être rapatriée. Aujourd'hui majeure, elle est revenue à Pointe-Noire pour exercer son petit commerce.
Quand on demande à sa protectrice pourquoi elle s'investit tant pour les enfants, les jeunes filles en particulier, elle répond : "Peut-être ma formation d'assistante sociale est à la base de mon engagement. J'ai aussi sans doute suivi l'exemple de ma mère qui élevait des enfants qui n’étaient pas les siens. Elle hébergeait même des jeunes de notre village qui n’avaient pas de domicile après le baccalauréat à Brazzaville."
Aujourd’hui, la famille de Marceline ne cesse de s'agrandir et accueille d’autres pensionnées. "Même dans la vieillesse, tant que j’aurai un peu de force, je me battrai toujours pour ces jeunes filles !", promet la dirigeante locale du Mouvement des mères pour la paix. Marceline semble plus que jamais décidée à lutter, notamment pour trouver de nouveaux financements.
Serge Patrick Mankou
Mai-Juin 2015