(Syfia/CRP) Les jeunes de Pointe-Noire se portent dorénavant plus facilement volontaires pour se faire dépister du sida de façon anonyme. En août dernier, la deuxième Kermesse sida vacances (Kersivac) a ainsi connu un succès prometteur. Encore faut-il confirmer ces résultats le reste de l’année, car une majorité des 15-24 ans ont toujours des rapports sexuels non protégés très risqués.
Grâce, 16 ans, ne semble pas particulièrement effrayée à l’idée de subir un dépistage volontaire et anonyme du sida : "Ce test est semblable à celui de la tuberculose ou du paludisme." Un avis désormais partagé par de nombreux jeunes de Pointe-Noire. À la deuxième édition de la Kermesse sida vacances (Kersivac) organisée en août dernier par différentes Ong et l’Unité départementale de lutte contre le sida (UDLS), branche locale du Conseil national du même nom (CNLS), près de 1 100 participants se sont ainsi fait dépister (contre 700 l’an dernier), soit plus de 70 par jour. Parmi eux, 53 % de jeunes de 15 à 24 ans.
"Aller à l’hôpital pour le test, c’est un peu difficile. Ici, on profite d’un mouvement de masse et on attend pas longtemps les résultats (une heure seulement, contre deux ou trois jours dans les centres de santé, Ndlr)", se félicite Fedine, 17 ans. Jean-Claude Bassoumba, chargé de suivi à l’UDLS, énumère d’autres raisons du succès de ces tests au Kersivac : "L’assurance de la prise en charge en cas de séropositivité, les conseils donnés par des personnes vivant avec le VIH, etc. Nous nous sommes efforcés de rassurer les volontaires au dépistage."
Jacqueline Ngoma, chargée des tests lors des kermesses de 2008 et 2009, précise sa méthode : "Durant l’entretien, nous demandons l’âge, le sexe, le domicile, la profession et la raison du dépistage. Au final, nombre veulent être fixés sur leur état sérologique. Cela traduit une petite prise de conscience. Après, nous les préparons psychologiquement à accepter leurs résultats." Jacqueline regrette toutefois que, le reste de l’année, les jeunes se fassent rarement dépister gratuitement dans les quatre Centres de dépistage anonyme et volontaire (CDAV) de la capitale économique : "Dans mon centre, je reçois un nombre insignifiant de jeunes."
"Un troisième partenaire : le condom"
Pour inscrire les résultats du Kersivac dans la durée, certains observateurs plaident pour son extension dans des coins plus reculés du Congo. Jusqu'ici, l'accent a en effet plutôt été mis sur les grands centres urbains comme Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie ainsi que certains chefs-lieux de département. Par ailleurs, en période scolaire, l’UDLS, qui coordonne les activités de lutte contre le VIH, les structures de santé et les Ong spécialisées se retrouvent chaque trimestre. "Question d’évaluer leurs travaux et faire l’état des lieux de la pandémie et des autres infections sexuellement transmissibles", explique Jean Claude Bassoumba.
Les acteurs de terrain poursuivent donc le reste de l’année la sensibilisation, notamment dans les écoles. En effet, le sida, qui touche 4,2 % des Congolais, ne prend pas de vacances en période scolaire…Toute l’année, les jeunes, qui ont des pratiques sexuelles à risques, sont donc exposés. L’année dernière, rapporte l’UDLS, une large majorité d'entre eux disent avoir eu des rapports non protégés.