(Syfia/CRP) À Brazzaville, des jeunes gagnent correctement leur vie et retrouvent leur dignité en nettoyant les rues. Mis en œuvre par l’Association femme et action, ce projet, associé à d’autres menés notamment par les services municipaux et des particuliers, permet aussi d’assainir la capitale congolaise.
Roselle Philodie Ndoungounou, 25 ans, orpheline de père et de mère depuis l’âge de 12 ans, est balayeuse au centre-ville de Brazzaville, devant l’ambassade de France au Congo. Depuis 4 mois, elle exerce cette activité trois fois par semaine, entre 7 et 8 heures du matin, avec 9 orphelines et autres enfants dits vulnérables et 25 autres jeunes. Aujourd’hui, elle est plutôt fière de ce travail, payé 50 000 Fcfa (75 €) par mois, soit l’équivalent du SMIG, qui lui permet d’avoir de l’argent pour ses provisions, ses vêtements et ses déplacements.
Hébergée chez sa grande sœur, Roselle suit en parallèle une formation de couturière. "Au début, ça me paraissait bizarre, mais il n’y a pas de sot métier ! ll fallait seulement me lancer pour gagner quelque chose". Après avoir balayé, elle se rend donc à l’atelier de couture, où elle est en formation depuis un an, dans le cadre du projet Prise en charge des orphelins et autres enfants vulnérables, exécuté par l’Association femme et action. En plus d’un revenu appréciable, Roselle semble avoir trouvé un certain équilibre : "Je me sens de plus en plus autonome et je ne me fais plus trop de soucis sur mon statut d’orpheline".
Financé par la Coopération française à hauteur de 25 millions de Fcfa (plus de 38 000 €), le projet Collecte et transformation des ordures ménagères à Poto Poto II, permet depuis juin 2009 et jusqu’à juin 2011 aux gens de vivre dans un environnement plus propre, grâce aux 200 poubelles installées par Femme et action et ramassées trois fois par semaine par de jeunes collecteurs.
Actions complémentaires
Les activités de l’Association complètent celles menées depuis le début de l’année par la société d’économie mixte Pro Brazza dont la mairie de Brazzaville détient 20 % du capital et une société allemande les 80 % restants. Pro Brazza, nous a confié son directeur général, Fayette Mikano, se concentre d'abord sur le centre de la capitale. Une fois cette zone assainie, elle envisage de déployer ses activités dans d’autres quartiers. Sur ce dossier, OSC et autorités semblent travailler main dans la main. Pro Brazza avec ses gros engins s’occupe des grandes artères, pendant que Femme et action s’intéresse à deux quartiers de Poto Poto. Channel Diokamba, coordonnateur du projet de collecte et de transformation des ordures ménagères dans cette zone, souligne que l’action menée par l’Association est en tout cas appréciée par les autorités du 3ème arrondissement qui ont signé avec elle un engagement de collaboration.
Dans le 4ème arrondissement, un particulier contribue lui aussi à assainir la capitale. Eric Malonga, opérateur économique, connu sous le nom de Eric Pressing parce que propriétaire d’un pressing, a installé 50 poubelles sur le tronçon de l’avenue de la Paix, entre le rond-point de Moungali et la commune du même nom. Ses poubelles sont vidées de temps en temps par la société Pro Brazza. "La route avait été bien construite, mais les riverains continuaient à jeter des immondices sur la chaussée et le trottoir. J’ai donc fait ce don l’an dernier à la mairie de Brazzaville", déclare Eric Malonga.
Dans le 6ème arrondissement Talangai, c’est le Pôle des jeunes républicains (PJR), association à caractère sociopolitique, qui a fait un don de bacs à ordures pour assainir l’avenue Marien Ngouabi, sur près de 3 kilomètres. L’arrondissement en a profité pour recruter des balayeurs.
Bertier Batebi