(CRP/Syfia) Représentants des administrateurs-maires, certains chefs de quartiers, formés par des organisations de la société civile, aident les populations à accomplir leur devoir civique.
Au cours du processus électoral, "nous ne pouvons pas aller au-delà de ce que la loi prescrit. Nous jouons le rôle de 'maires miniatures' dans nos quartiers", résume Alain Ondongo Moumbetekey, chef de quartier 57 de Ouenze, dans le 5e arrondissement de Brazzaville. Sa fonction est en effet reconnue par le décret n°2003-20 du 6 février 2003 en son article 124, portant fonctionnement des circonscriptions administratives territoriales : "(…) Le chef de quartier est chargé de diffuser et appliquer les actes et instructions de l’administrateur-maire, effectuer le recensement de la population (…)".
Des attributions que les recommandations de la concertation d’Ewo de décembre dernier et le décret présidentiel n°2012-26 du 6 février 2012 portant réorganisation des commissions administratives de révision des listes électorales n’ont pas fondamentalement changées. Ainsi, à coté des représentants des partis politiques et de la société civile, les chefs de quartiers, de zones ou de blocs font partie des membres des bureaux d’enregistrement des demandes d’inscription, de modification, de retranchement ou de radiation.
Un habitant de Ouenze, qui a requis l’anonymat, pense que ces chefs devraient aller au-delà et davantage "instruire les citoyens, car il y a des mamans et des papas qui ne savent pas lire". Pour Gaston Nganga, chef de quartier 21 la Glacière, Bacongo, cette préoccupation est déjà entendue par certaines administrations : "De temps en temps, la mairie nous donne des directives, afin d’aider la population pendant les votes. L’année passée, nous avons eu deux semaines de formation sur notre rôle pendant les élections."
Utilisés par l'administration
Ces dernières années, ces chefs sont par ailleurs déjà "utilisés par l’administration dans les centres de vote pour aider la police à faire son travail et minimiser la fraude", fait savoir Patrice Missidimbazi, chef de cabinet du maire de l’arrondissement II, Bacongo. Le jour "J", ils donnent des appréciations importantes pour qu’un électeur ne possédant pas l’une des deux pièces exigées puisse tout de même voter. "Certains arrivent dans les bureaux de vote sans pièce d’identité, mais ils possèdent leur carte d’électeur. Je peux ordonner qu’ils votent sans problèmes (en apportant des preuves qui permettent de les identifier et de les localiser, les chefs de quartier participant en amont à la distribution des cartes d’électeurs, Ndlr)", assure Gaston Nganga. Il constate que ce genre de situations arrive souvent : "Nous devrions être responsables d’un bureau de vote puisque nous connaissons nos populations".
Alain Ondongo renchérit : "Nous faisons également des propositions sur la composition des bureaux de vote." Cette dernière mission n’est pourtant pas bien précisée par la loi. "L'administration locale regarde parmi ses administrés qui peut être président de bureau de vote, mais cela n’est pas formalisé", confirme un cadre de la Direction générale des affaires électorales (DGAE).
Formés par des OSC
Les chefs de quartiers sont aussi de temps en temps épaulés par des OSC. L'Association pour les droits de l’Homme et de l’univers carcéral (Adhuc) a ainsi formé, depuis 2006, 70 d'entre eux à Brazzaville et des représentants dans dix autres grandes villes du Congo sur les droits de l’Homme et le droit d’être élu et d’élire, un droit notifié dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifiés par le Congo en 1983. "Nous leur avons donné des éléments juridiques. Nous nous sommes notamment appuyés sur la loi électorale de 2001, qui parle du rôle du président du bureau de vote censé organiser son bureau et de veiller à ce que tous les candidats soient au même niveau", explique Mviri Rivis, chargé de programmes à l’Adhuc.
Selon lui, certains de ces chefs de quartiers, encore en fonction, font souvent des restitutions des formations suivies auprès de leurs administrés. Au cours des prochaines échéances électorales, cette association prévoit une formation avec des chefs de quartier, des observateurs des partis politiques et différents membres de bureaux de vote.
Marien Nzikou-Massala