Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de Syfia Congo Brazza
  • : Sur ce blog, vous trouverez des articles et des émissions sur la société civile congolaise. Un projet soutenu par l'Union européenne et mené par Syfia international et le Centre de Ressources pour la Presse (CRP).
  • Contact

Le projet

Soutenu par l'Union européenne, le projet encourage le dialogue entre les autorités locales et les organisations de femmes qui luttent contre la pauvreté et pour un meilleur respect de leurs droits en milieu rural. Les journalistes vont jouer le rôle de médiateurs en favorisant notamment les rencontres débats entre ces trois groupes.

Recherche

.

Articles réalisés avec l'aide financière de l'Union européenne. Le contenu de ces articles relève de la seule responsabilité de Syfia international et du CRP ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l'Union européenne.

Qui sommes-nous ?

Crée en 1994, le Centre de ressources pour la presse (CRP), association à but non lucratif de la presse congolaise, coordonne cette action. Il est le garant de la ligne rédactionnelle en étroite collaboration avec son partenaire, Syfia International. Il sélectionne, forme et suit individuellement les journalistes, organise les ateliers, les débats communautaires et les conférences de rédaction, assure les relations avec les médias locaux et suit la diffusion des émissions et des articles.

4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 08:12

(CRP/Syfia) Au Congo Brazzaville, le Code de la Famille fixe la dot à 50 000 Fcfa (75 € environ). Mais, certains parents exigent parfois vingt fois plus ! Valorisation ou marchandisation de la femme ? Les débats sont passionnés. Des autorités suggèrent de modifier le Code pour limiter cette surenchère.

 

Huguette Massamba Kolélas est chargée de communication dans une entreprise portuaire de Pointe-Noire. Il y a deux ans, elle a célébré son mariage. Bien que son époux ait un niveau de vie correct, il n’a versé que 50 000 Fcfa (75 € environ)  à ses parents. "Par le passé, la cérémonie de la dot variait selon les ethnies. Aujourd’hui, on a standardisé. Ce sont des montants exorbitants que le prétendant verse à sa future belle-famille. Dans ma famille, nous nous conformons à l’article 140 du Code de la Famille fixant la dot à 50 000 Fcfa. Si mes parents avaient demandé plus, je m’y serais opposée !", assure Huguette. Sa sœur aînée, Bernadette Nganga-Manza, confirme : "Depuis que nous nous marions, nos parents ne demandent que 50 000 Fcfa à leurs futurs gendres."

Au Congo Brazzaville, les témoignages sont généralement bien différents… "Il m’a fallu faire des économies pendant deux ans pour avoir le million de Fcfa (plus de 1 500 € !) nécessaire pour doter ma femme", se souvient Brice*, un jeune de 30 ans. "Verser un montant élevé pour la dot est la meilleure façon d’honorer la femme et ses parents. Si c’est une femme qui a beaucoup étudié, vous devez remplir vos poches ! Ce n’est pas n’importe qui que vous allez épouser. Donc, la dot est aussi en fonction de la valeur de la femme", estime Aïcha, la vingtaine, mariée depuis ses 18 ans. Une exigence à laquelle s’accommodent certains hommes. "Les gens ne s’occupent pas du Code de la Famille. Ils demandent des montants élevés, mais nous n’avons pas le choix", explique Alain, un jeune sur le point de se marier.

 

Aucune sanction…

Une passivité complice que dénoncent certaines femmes. "La dot n’est qu’un symbole ! Je me demande pourquoi les jeunes ne s’opposent pas à ces montants faramineux. La dot ne doit pas être un échange. Demander des montants colossaux au gendre est, à mon avis, une façon de chosifier la femme", estime encore Huguette Massamba Kolélas. Sans parler des conséquences matérielles immédiates, puisque plusieurs jeunes hommes, face à ce coût élevé, retardent, voire annulent leur mariage. "Si tu n’as pas la volonté, tu peux abandonner… La dot devient donc un moyen de chantage au sein du foyer…", déplore encore Brice.

Conscientes de cette situation, quelques autorités condamnent la pratique. "Effectivement, le Code de la Famille fixe la dot à 50 000 Fcfa. Quand nous célébrons un mariage, les mariés répondent toujours qu’ils ont respecté le principe établi dans les textes. Mais, souvent, les montants versés dépassent largement celui fixé par le Code... Or, la dot a une valeur symbolique. Elle ne peut pas être une occasion pour la famille de la femme de se remplir les poches !", déplore Guy André Edmond Loemba, administrateur-maire de l’arrondissement 3 Tié-Tié de Pointe-Noire. A ce jour, le Code pénal ne prévoit pas de sanctions à l’encontre des contrevenants qui ne respectent pas l’article 140 du Code de la Famille.

Pour le maire Loemba, les parlementaires, en examinant le Code de la Famille en cours de révision, devraient observer et limiter cette surenchère. "Le Code dit bien que la dot en nature ou en espèces ou sous toutes les deux formes ne doit jamais dépasser 50 000 Fcfa. Mais, le costume prêt-à-porter demandé au gendre par exemple coûte près de 200 000 Fcfa (plus de 300 €). Si déjà, pour un seul article, on dépasse le montant légal, imaginez quand on ajoutera des pagnes, des bouteilles de vin, des marmites, etc. On peut frôler, voire dépasser le million de Fcfa", confirme-t-il, impuissant.

John Ndinga-Ngoma

Juillet 2014

*Prénom d’emprunt.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Le partenaire

Syfia international est partenaire du CRP dans la mise en œuvre du projet. Son bureau français, l'association Journalistes Médiateurs (J'M), assiste le CRP dans la gestion financière de l'action et le suivi rédactionnel des journalistes, en particulier dans la production des articles. Syfia regroupe 15 agences de presse dont 12 en Afrique (parmi lesquelles le CRP) et 3 en Europe. Les 100 journalistes de l'équipe travaillent en réseau pour produire et diffuser des informations prioritairement destinées aux médias et aux lecteurs et auditeurs du Sud.

Les medias associés

La vingtaine de journalistes participants sont tous membres de radios ou de journaux de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Sibiti, Djambala et Ewo. Leurs responsables diffusent les émissions et les articles réalisés dans le cadre du projet et participent activement aux formations. La présente action mise en particulier sur les radios rurales pour élargir la diffusion vers l'intérieur du pays.

 

Autorités et OSC associées

24 associations de soutien aux femmes et 24 autorités locales (4 sur chacun des 6 sites de l'action) prennent l'habitude de se réunir régulièrement. Les OSC rurales sont davantage connues des médias et reconnues par les autorités.

Contact

Centre de Ressources pour la Presse – Gaston Elbi Enkari
g.elbienkari(a)gmail.com

 

Syfia international – Bureau français : association Journalistes Médiateurs - 125, rue Raimu - 34 070 Montpellier - Emmanuel de Solère Stintzy
edesolere(a)gmail.com