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  • : Le blog de Syfia Congo Brazza
  • : Sur ce blog, vous trouverez des articles et des émissions sur la société civile congolaise. Un projet soutenu par l'Union européenne et mené par Syfia international et le Centre de Ressources pour la Presse (CRP).
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Le projet

Soutenu par l'Union européenne, le projet encourage le dialogue entre les autorités locales et les organisations de femmes qui luttent contre la pauvreté et pour un meilleur respect de leurs droits en milieu rural. Les journalistes vont jouer le rôle de médiateurs en favorisant notamment les rencontres débats entre ces trois groupes.

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Articles réalisés avec l'aide financière de l'Union européenne. Le contenu de ces articles relève de la seule responsabilité de Syfia international et du CRP ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l'Union européenne.

Qui sommes-nous ?

Crée en 1994, le Centre de ressources pour la presse (CRP), association à but non lucratif de la presse congolaise, coordonne cette action. Il est le garant de la ligne rédactionnelle en étroite collaboration avec son partenaire, Syfia International. Il sélectionne, forme et suit individuellement les journalistes, organise les ateliers, les débats communautaires et les conférences de rédaction, assure les relations avec les médias locaux et suit la diffusion des émissions et des articles.

16 juillet 2013 2 16 /07 /juillet /2013 10:31

(CRP/Syfia) Dans le Parc national de Conkouati-Douli (département du Kouilou), les animaux, mieux préservés, sont plus nombreux. Ce qui rend difficile la cohabitation avec les habitants des villages situés dans le Parc. Leurs cultures sont souvent détruites par les éléphants. Un coup dur pour l'agriculture locale…

 

Une vaste savane avec des îlots de forêts. Une façade maritime qui s’étend sur près de 60 km. Une lagune, un fleuve, plusieurs rivières... Des buffles, éléphants, chimpanzés, oiseaux et poissons de toutes sortes....

Pour préserver ce riche écosystème du département du Kouilou, un décret présidentiel a érigé, en 1999, le Parc national de Conkouati-Douli (PNCD) en Parc national. Il est depuis géré par la Société de conservation de la faune (Wildlife conservation society, WCS), une ONG américaine. Le Parc attire bon nombre d'amateurs de paysages luxuriants et de faune sauvage. Après leurs balades, ces touristes fortunés logent généralement dans les deux cases touristiques de la base vie du PNCD à raison de 120 000 Fcfa (environ 180 €) la nuitée. "C'est la nature à l'état naturel !", lançait, émerveillé, fin juin dernier, l'un d'entre eux après s'être promené.

Mais, avec une superficie de plus de 500 000 hectares, le PNCD ne fait pas que des heureux. À l’intérieur, on trouve en effet une multitude de villages. Pour le meilleur et souvent pour le pire, les populations cohabitent donc avec les animaux. L'animal le plus redouté reste l’éléphant dont l’abattage est strictement interdit, même s'il fait souvent de gros dégâts... "Une fois, tout mon champ a été dévasté par les éléphants !", se souvient par exemple Julie Mavoungou-Safou, habitante du village Tandou-Ngoma, à 150 km au nord de Pointe-Noire.

 

Manioc acheté en ville…

Conséquence de ces dévastations : plusieurs villageois ne pratiquent plus l’agriculture. "Je ne peux plus souffrir pour nourrir les éléphants ! J'ai l'impression que les droits des hommes sont moins importants que ceux des animaux... On nous interdit de les abattre, alors qu’ils nous empêchent de bien vivre !", déplore, visiblement remonté, un paysan du village Noumbi. Symbole révélateur : le manioc, aliment de base dans tout le Congo, est importé d'autres localités comme Pointe-Noire. "Que nous, villageois, achetions du manioc en ville, c'est paradoxal ! Pire encore, nous sommes aussi devenus esclaves du riz et du pain importés de Pointe-Noire", déplore ce même paysan. "Du fait de la conservation que nous encourageons, on observe une croissance du nombre d'éléphants. Voilà pourquoi, ils s'acharnent sur les cultures. Depuis Noumbi jusqu'au village Tié-Tié vers la frontière avec le Gabon, on ne peut plus pratiquer l'agriculture", remarque Hugues Clément Boungou-Loufoua, secrétaire général du district de Nzambi.

Afin de mettre en place des mesures d’accompagnement pour compenser les restrictions auxquelles sont contraintes les populations vivant à l’intérieur ou à la périphérie du Parc, WCS exécute depuis 2005, un projet d'appui. "Nous les formons à l'agriculture, à l'agroforesterie et au maraîchage, indique un responsable des activités alternatives au PNCD. Mais, dans l'ensemble, nuance-t-il, ces activités n'ont pas très bien marché, car les populations n'ont pas l’esprit de groupements et les éléphants ont détruit leurs champs."

 

Indemnisations et projets communautaires

Chaque année, WCS rédige des rapports d’évaluation qu’il adresse au gouvernement pour des indemnisations. Le décret présidentiel de 1986 portant "barème d'indemnisation en vigueur en cas de destruction des plantes en République populaire du Congo", recommande en effet la compensation par l’Etat de toute plantation détruite du fait d’une activité d’utilité publique.

En 2009, il y a eu compensation des cultures détruites en 2006, 2007 et 2008. Mais, nuance un membre d’une ONG locale, "c’était à des fins électorales (année du scrutin présidentiel, Ndlr). Pire encore, ce sont pour la plupart ceux qui n'avaient pas de champs qui ont été indemnisés !" L’Association de gestion durable des ressources naturelles et de l’écotourisme par les Communautés autour des aires protégées (Agdurne-Cap), une ONG locale, s'alarme, de son côté, d'"une diminution du potentiel halieutique à cause de la surpêche qui se fait aujourd'hui à Conkouati. Puisqu'à cause des restrictions (sur la chasse, Ndlr), tout le monde pratique la pêche", déplore Ghislain Taty, son secrétaire général.

Pour tenter de résoudre ces problèmes, WCS, qui finance seul et difficilement le fonctionnement du Parc, a créé l’an dernier la Caisse de développement communautaire (CDC). Dirigé par le député et le sous-préfet de Nzambi, le comité de gestion est composé de membres du WCS, de chefs de villages et d'ONG locales. Un an après, environ 30 projets ont été financés dans les 30 villages situés à l’intérieur et à la périphérie du Parc. "À la fin de chaque année, on organise une assemblée générale. Chaque communauté vient avec un projet et on alloue des montants. En 2012, nous avons par exemple construit des cases touristiques à Sialouvakou et Mpela. Les revenus ainsi générés reviendront à ces villages pour financer un autre projet qu'ils proposeront à la prochaine assemblée générale", indique encore le responsable des activités alternatives au PNCD.

Ces initiatives suffiront-elles à construire de meilleures relations de voisinage entre humains et animaux à Conkouati ?

 

John Ndinga-Ngoma

 

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Le partenaire

Syfia international est partenaire du CRP dans la mise en œuvre du projet. Son bureau français, l'association Journalistes Médiateurs (J'M), assiste le CRP dans la gestion financière de l'action et le suivi rédactionnel des journalistes, en particulier dans la production des articles. Syfia regroupe 15 agences de presse dont 12 en Afrique (parmi lesquelles le CRP) et 3 en Europe. Les 100 journalistes de l'équipe travaillent en réseau pour produire et diffuser des informations prioritairement destinées aux médias et aux lecteurs et auditeurs du Sud.

Les medias associés

La vingtaine de journalistes participants sont tous membres de radios ou de journaux de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Sibiti, Djambala et Ewo. Leurs responsables diffusent les émissions et les articles réalisés dans le cadre du projet et participent activement aux formations. La présente action mise en particulier sur les radios rurales pour élargir la diffusion vers l'intérieur du pays.

 

Autorités et OSC associées

24 associations de soutien aux femmes et 24 autorités locales (4 sur chacun des 6 sites de l'action) prennent l'habitude de se réunir régulièrement. Les OSC rurales sont davantage connues des médias et reconnues par les autorités.

Contact

Centre de Ressources pour la Presse – Gaston Elbi Enkari
g.elbienkari(a)gmail.com

 

Syfia international – Bureau français : association Journalistes Médiateurs - 125, rue Raimu - 34 070 Montpellier - Emmanuel de Solère Stintzy
edesolere(a)gmail.com