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  • : Le blog de Syfia Congo Brazza
  • : Sur ce blog, vous trouverez des articles et des émissions sur la société civile congolaise. Un projet soutenu par l'Union européenne et mené par Syfia international et le Centre de Ressources pour la Presse (CRP).
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Le projet

Soutenu par l'Union européenne, le projet encourage le dialogue entre les autorités locales et les organisations de femmes qui luttent contre la pauvreté et pour un meilleur respect de leurs droits en milieu rural. Les journalistes vont jouer le rôle de médiateurs en favorisant notamment les rencontres débats entre ces trois groupes.

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Articles réalisés avec l'aide financière de l'Union européenne. Le contenu de ces articles relève de la seule responsabilité de Syfia international et du CRP ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l'Union européenne.

Qui sommes-nous ?

Crée en 1994, le Centre de ressources pour la presse (CRP), association à but non lucratif de la presse congolaise, coordonne cette action. Il est le garant de la ligne rédactionnelle en étroite collaboration avec son partenaire, Syfia International. Il sélectionne, forme et suit individuellement les journalistes, organise les ateliers, les débats communautaires et les conférences de rédaction, assure les relations avec les médias locaux et suit la diffusion des émissions et des articles.

23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 07:59

(Syfia/CRP) Sous l'impulsion d'ONG spécialisées et de certaines écoles, des enfants de Pointe-Noire parviennent à convaincre leurs parents de ne plus transporter ni conserver des aliments dans des sachets plastique qui dégradent l'environnement. Ils commencent à être aussi entendus par les autorités.

 

École privée Sainte Suzanne de Songolo, dans le quatrième arrondissement de Pointe-Noire. Diana Batalou est au préscolaire. Avant d’entrer en classe, elle jette l’emballage plastique de son jus dans le trou creusé derrière le bâtiment de la direction. "La saleté rend malade", dit-elle.

Si la cour de Sainte Suzanne est "d’une incroyable propreté", selon Jean Pierre Soumbou, chef du quartier, c’est parce que les élèves ont acquis certains réflexes. Chaque matin, leur première tâche consiste à ramasser les feuilles de papier et autres déchets qui traînent dans la concession scolaire et aux alentours. "La saleté est notre ennemie, comme nous disent les professeurs", lance Chelga Tsadi, élève de 3e. Elle ajoute :"Le pire adversaire pour notre avenir, c’est le sachet plastique, car il empêche les plantes de pousser."

Le directeur des études, Alain Kimbembé, reconnaît qu’auparavant on n’entendait pas les enfants de Sainte Suzanne raisonner de la sorte. "Ce, dit-il, malgré les notions environnementales inculquées dans les cours d’hygiène ou de Sciences de la vie et de la terre (SVT)". Ce changement de mentalités est en grande partie imputable aux campagnes des ONG dont le Réseau national agropastoral et de l’environnement (Renape) qui organise des sensibilisations dans les écoles et les quartiers. Des campagnes relayées de manière parfois un peu musclée par certains établissements. "Un élève qui abandonne le sachet dans la cour est mis à genoux pendant une trentaine de minutes", souligne Alain Kimbembé.

 

Paniers en lianes, récipients en verre

L’implication plus ou moins spontanée des jeunes est à la mesure du danger que représente la pollution. "Pointe-Noire risque de devenir une ville à sol plastique", s’écriait en mai dernier, lors d'une session du conseil municipal, Jean Médard Diambou, spécialiste de l’environnement. Parlant d’une étude menée l’année dernière par la direction départementale de l’Environnement de Pointe-Noire, il explique que des millions de sacs plastique sont abandonnés chaque année dans la ville et utilisés chaque jour pour transporter ou conserver des produits comme l’huile, le pétrole lampant, la pâte d’arachide, la viande et le poisson.

La mère de Chelga, Lydie Tsadi, ne transporte ni ne conserve plus ses aliments dans ces sacs. Elle regrette d'avoir pendant longtemps "contribué à hypothéquer l’avenir des enfants" et utilise désormais des paniers en rotin ou en lianes, comme cela se faisait jusqu'aux années 1970. Son huile, elle la garde dorénavant dans les récipients en verre. Elle explique son changement d’attitude par les pressions de sa fille : "Au départ, je la trouvais impolie, car elle m’imposait de ne plus utiliser de sachets. Mais, maintenant, je m’adapte."

Plusieurs jeunes plaident pour que les adultes renouent avec d'anciens modes de transport des denrées et de conservation. En juin dernier, le ministère des Affaires sociales a collecté des lettres écrites par des enfants. Au cours de cette cérémonie, plus d’une centaine de paniers en lianes ont été distribués à des femmes de Pointe-Noire. Ce soir-là, Reine Ndonga, une jeune membre du Cercle culturel pour enfants, une ONG, déclarait en substance : "Il faut qu'adultes et autorités nous épargnent des dangers du sachet plastique. En utilisant le raphia ou les lianes, on remettrait au goût du jour des métiers artisanaux comme la vannerie".

 

Interdire ou bien recycler le sachet

Pour certains, les consommateurs ne sont pas seuls responsables. "Si ces sacs traînent partout, c’est parce qu’ils ne sont pas ramassés, comme les autres déchets ménagers, observe Stéphane, un commerçant. Il y a une la défaillance des services de voirie." Vincent Téliane Tchicaya, attaché de presse du maire de Pointe-Noire, reconnaît le problème. Cependant, assure Téliane, "comme vous le constatez déjà, dans le cadre du plan triennal d’investissement 2010-2012, l’accent sera mis sur l’assainissement. D’ailleurs, des tas d’immondices géants comme celui de Fond Tié Tié (quartier de l’est de la ville, Ndlr) disparaissent progressivement".

Pour Marceline Pandzou Tsimba, vendeuse de beignets, le problème doit être réglé au plus haut niveau : "Le sachet n’est pas seulement l’affaire de la mairie. C’est au gouvernement d’en interdire l’importation ou la production comme l'ont fait le Gabon ou le Rwanda". Une perspective pas forcément bien accueillie par certains entrepreneurs. Le responsable d’une société de traitement des eaux propose ainsi une alternative : "On peut lutter contre le sachet pourvu qu’on le recycle, en fabriquant par exemple des pavés pour le revêtement des sols ou des routes". Ce qui ne serait pas sans poser d'autres contraintes... "Recycler, c’est bien, mais il faut vérifier que ce traitement des déchets ne pollue pas l’air, les eaux ou les plantes", s’inquiète Crépin Télinganou, président du Renape.

 

John Ndinga-Ngoma

Juillet 2010

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Le partenaire

Syfia international est partenaire du CRP dans la mise en œuvre du projet. Son bureau français, l'association Journalistes Médiateurs (J'M), assiste le CRP dans la gestion financière de l'action et le suivi rédactionnel des journalistes, en particulier dans la production des articles. Syfia regroupe 15 agences de presse dont 12 en Afrique (parmi lesquelles le CRP) et 3 en Europe. Les 100 journalistes de l'équipe travaillent en réseau pour produire et diffuser des informations prioritairement destinées aux médias et aux lecteurs et auditeurs du Sud.

Les medias associés

La vingtaine de journalistes participants sont tous membres de radios ou de journaux de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Sibiti, Djambala et Ewo. Leurs responsables diffusent les émissions et les articles réalisés dans le cadre du projet et participent activement aux formations. La présente action mise en particulier sur les radios rurales pour élargir la diffusion vers l'intérieur du pays.

 

Autorités et OSC associées

24 associations de soutien aux femmes et 24 autorités locales (4 sur chacun des 6 sites de l'action) prennent l'habitude de se réunir régulièrement. Les OSC rurales sont davantage connues des médias et reconnues par les autorités.

Contact

Centre de Ressources pour la Presse – Gaston Elbi Enkari
g.elbienkari(a)gmail.com

 

Syfia international – Bureau français : association Journalistes Médiateurs - 125, rue Raimu - 34 070 Montpellier - Emmanuel de Solère Stintzy
edesolere(a)gmail.com