(CRP/Syfia) Vente de produits laitiers, salons de coiffure… A Djambala, électricité rime avec prospérité. Les femmes en particulier profitent du courant permanent pour multiplier les activités et augmenter leurs revenus.
Comme en ville. Bien que d’apparence exiguë, le salon « Brielle Coiffure », dans le quartier Ngambao de Djambala, n’a quasiment rien à envier à ceux de Brazzaville ou de Pointe-Noire. Séchoirs, casques, ventilateurs… Autant d’équipements qui ne fonctionnent qu’avec de l’électricité. Une électricité dorénavant présente 24 heures sur 24. « Je peux travailler du matin au soir. Auparavant, je n’atteignais même pas 5 000 Fcfa (7,5 €) par jour. Désormais, j’ai presque doublé mes recettes journalières ! », se félicite Brielle Moubié, la vingtaine, propriétaire du salon.
A Djambala, chef-lieu du département des Plateaux, à près de 450 km au nord de Brazzaville, Brielle est loin d’être la seule femme à se satisfaire de la permanence de l’électricité. « Je remercie le gouvernement de nous avoir donné un courant électrique sans coupure et moins cher. Mon mari ne paie que 8 000 Fcfa (12 €) par mois », s’exclame Zonelle Ngayoula, vendeuse de yaourts au quartier Oyomfoula.
Plus d’activités, plus de bénéfices
Une petite révolution, quand on sait qu’il y a quelques années, l’électricité fournie par des génératrices thermiques de la direction départementale de la Société nationale d’électricité (SNE), n’était livrée que de 18 heures à 23 heures... Ce qui limitait fortement les activités commerciales. « On ne pouvait pas faire des yaourts ou du jus de gingembre. Cela aurait été jeter l’argent par les fenêtres, car nous ne pouvions pas alors congeler ces produits (yaourts, bissap, jus de gingembre, Ndlr). Quelqu’un pouvait passer deux ans sans goûter au yaourt par exemple ! », se souvient Zonelle. Elle poursuit, ravie : « Aujourd’hui, on trouve ces produits en permanence à Djambala. »
A l’origine des ces changements : le raccordement de Djambala, depuis 2013, au barrage hydroélectrique d’Imboulou, dans le département voisin du Pool. « Quand l’électricité est arrivée, j’ai arrêté de fabriquer les gâteaux, car les yaourts et le jus de gingembre me procurent 100 % de bénéfices (le double de l’investissement de départ, Ndlr) », explique encore Zonelle.
D’autres cumulent les activités. « Au départ, je faisais des gâteaux. Avec l’électricité, mon mari m’a acheté un congélateur. J’ai décidé de conditionner l’eau glacée, les yaourts et les tangawis (jus de gingembre, Ndlr) que j’expose à la devanture de ma maison ou aux écoles de la place. Le bénéfice de ces produits est de 100 %, contrairement à celui des gâteaux, très maigre. Mais, je continue d’en vendre pour garder ma clientèle », explique Chandrelle Mpiao du quartier Oyomfoula. Des bénéfices qui arrangent les époux. « Je ne subis plus de pression s’agissant de l’achat des mèches ou autres produits. Et, lorsque je n’ai rien, c’est même ma femme qui me vient en aide, en assurant la popote ou les petits besoins des enfants. Elle se débrouille bien avec ce congélateur que je lui ai acheté ! », se félicite Jonas Arnaud Mpouri, époux de Chandrelle.
Quartiers autochtones oubliés
La fée électricité a aussi commencé à soulager les peines des femmes rurales pour s’approvisionner en eau potable. Auparavant, quand l’électricité était coupée, le système pour envoyer l’eau des châteaux d’eau vers les robinets ne fonctionnait pas… Rien de tel aujourd’hui.
« L’électricité va de pair avec l’eau. Auparavant, l’eau n’était pas permanente. Il fallait parcourir de longues distances ou dépenser en moyenne 1 500 Fcfa (2,30 €) par jour pour en avoir. Quand on multiplie par 30 jours, on atteignait 45 000 Fcfa (près de 70 €) ! Cela aggravait notre pauvreté », se souvient Marie Ndakouzi, une vendeuse dans la cinquantaine. Mais, aujourd’hui, « l’eau du robinet est permanente et nous ne payons que 6 500 Fcfa (près de 10 €) par mois à la Société nationale de distribution d’eau (SNDE). Les souffrances appartiennent désormais au passé ! »
Au-delà de ces bienfaits, d’autres femmes semblent exclues de ces avantages. A Djambala, il est en effet des quartiers autochtones comme Ngoulayo et Talangaï qui ne sont toujours pas approvisionnés, ni en eau potable, ni en électricité. Et ce, sans aucune raison objective…
John Ndinga-Ngoma
Octobre 2016