(CRP/Syfia) Eau rare et chère. Dans le département des Plateaux, pendant la saison sèche, dur pour les femmes de transformer les tubercules de manioc en cossettes ou farine de "foufou". Une situation qui les maintient dans la pauvreté.
"A partir du mois d’avril, je fais petit à petit ma réserve d’eau. Je stocke au moins cinq bâches et quinze tonneaux. Cette réserve nous sert pendant la transformation des tubercules de manioc en cossettes ou farine de ‘’foufou’’ au mois de juin", fait savoir Martine Joëlle Gabio, présidente du groupement Jeunesse Onari d’Abala-Ndolo, un village situé à environ 12 kilomètres de Djambala, dans le département des Plateaux.
Au Congo, la grande saison sèche dure de mi-mai à fin septembre. Une période difficile. "Stocker de l'eau est un casse-tête ! Je fais venir parfois des camions citernes privés pour remplir mes bâches. En saison sèche, un bidon d’eau de 25 litres est facturé à 500 Fcfa (0,75 €), alors qu’en saison des pluies, il ne coûte que la moitié, 250 Fcfa (moins de 0,40 €)", souligne Martine.
Ngandobi Claire, du groupement Espoir du village Ondili situé à 25 kilomètres de Djambala, confirme : "L'eau est une denrée rare en saison sèche, raison pour laquelle je loue un taxi-moto. Un aller-retour Djambala-Ondili coûte 600 Fcfa (presque 1 €). Je paye en plus 500 Fcfa le bidon d’eau de 25 litres. Et il me faut au moins 10 bidons pour remplir mon tonneau...", explique-t-elle, avant d’admettre que la saison sèche reste néanmoins le moment favorable pour la fabriquer du foufou, étant donné que les cosettes sèchent plus rapidement avec la rareté des pluies.
Ngolouon Marie Yvonne, un autre membre du groupement Espoir, demande toutefois au gouvernement de s'impliquer fortement : "En saison sèche, nous n'avons pas assez de sacs de foufou, car nous manquons d’eau. C’est pourquoi je demande au gouvernement d'installer des forages."
Eau, pas encore pour tous...
De son côté, Essou Ayoulou Galem, président de la coopérative Mère et fille de Kialé, située à 55 km de Djambala, pense que "plus on s’éloigne de Djambala, plus le prix du bidon augmente. A 25 km, il coûte 250 Fcfa, à 55 km la femme dépense 400 Fcfa (0,60 €)." Essou est donc parfois obligé de recueillir l’eau dans un étang à 11 km de son lieu de travail : "Mais cette eau sèche parfois quand la saison sèche est trop forte... Nous voulons que le gouvernement nous envoie des experts, afin que ceux-ci voient comment nous travaillons ici. Ils sauront alors mieux comment nous aider."
Même son de cloche pour Nkiénankié Jean Paul, président du groupement Espoir : "Le gouvernement doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour que le projet Eau Pour Tous (mis en oeuvre par la société brésilienne Asperbras qui installe bornes fontaines et robinets dans les villages congolais, Ndlr) arrive dans le district de Djambala. Surtout que Djambala est réputée être la base de la production du foufou et de la pomme de terre !"
Pour José Bandeira, responsable national du projet Eau pour tous , "entre Djambala et Ngo, c’est l’unique coin où les travaux n’ont pas pu être réalisés à cause des grandes profondeurs (cf, eau plus rare dans les Plateaux et nécessité de creuser davantage pour en trouver, Ndlr). Nous devons techniquement changer de matériel, car le projet utilise des pompes solaires difficiles à installer au-delà de 300 mètres de profondeur." En attendant, le responsable national de ce projet ne donne aucune date pour une future installation de forage dans le département...
Annette Kouamba Matondo
Janvier 2017