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Présentation

  • : Le blog de Syfia Congo Brazza
  • : Sur ce blog, vous trouverez des articles et des émissions sur la société civile congolaise. Un projet soutenu par l'Union européenne et mené par Syfia international et le Centre de Ressources pour la Presse (CRP).
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Le projet

Soutenu par l'Union européenne, le projet encourage le dialogue entre les autorités locales et les organisations de femmes qui luttent contre la pauvreté et pour un meilleur respect de leurs droits en milieu rural. Les journalistes vont jouer le rôle de médiateurs en favorisant notamment les rencontres débats entre ces trois groupes.

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Articles réalisés avec l'aide financière de l'Union européenne. Le contenu de ces articles relève de la seule responsabilité de Syfia international et du CRP ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l'Union européenne.

Qui sommes-nous ?

Crée en 1994, le Centre de ressources pour la presse (CRP), association à but non lucratif de la presse congolaise, coordonne cette action. Il est le garant de la ligne rédactionnelle en étroite collaboration avec son partenaire, Syfia International. Il sélectionne, forme et suit individuellement les journalistes, organise les ateliers, les débats communautaires et les conférences de rédaction, assure les relations avec les médias locaux et suit la diffusion des émissions et des articles.

26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 13:03

(CRP/Syfia) Souvent ignorantes de leurs droits en matière électorale, les Congolaises subissent les pressions de leurs époux dans le choix de leur candidat. Des associations et des pouvoirs publics multiplient les initiatives pour tenter de les libérer de ces pesanteurs.

 

Charlotte est couturière à Brazzaville. Elle a voté librement lors des législatives de 2007 et des présidentielles de 2009 : "Le vote, c’est un secret entre moi et l’urne. Je n'ai pas à faire l’objet d’injonctions ou d’insinuations de mon mari." A l'inverse, Yvette explique : "Je m’entends avec mon époux avant de choisir un candidat. S'il me dit qu’on doit voter untel, j’accepte, parce qu’on est ensemble. Parfois, quand c'est moi qui lui dis de voter tel candidat, il accepte."

En règle générale, nombre de femmes ne connaissent pas leurs droits en matière électorale au Congo. Elles ignorent en particulier l'article 4 de la Constitution de 2002 qui stipule que le suffrage est "universel, libre, égal et secret". Pour Lilian Barros, du Comptoir juridique junior (CJJ), les femmes ne doivent pas seulement maîtriser leurs droits, mais aussi les valoriser : "A cause de la tradition bantoue hautement phallocrate, leurs droits demeurent limités. L'homme veut toujours montrer qu’il est au dessus. Quand il s’agit de voter, il impose son candidat, prétextant qu’il est le chef du ménage."

Pour encourager les femmes à s'inscrire sur les listes électorales et améliorer ainsi leur participation aux prochaines élections en tant que candidates et électrices, Hugor Yoka, chargé de communication à Mibeko, explique que son association a informé l’année dernière 900 à 1 000 femmes à Brazzaville et placé dans chaque quartier des "piquets" (des gens) pour relayer l’information. "L’objectif est d’aviser au moins 10 000 femmes d'ici juillet prochain et les législatives prévues ce mois. Après Brazzaville, nous irons dans certains départements", projette Hugor Yoka. "Quand les femmes viennent avec leurs maris, nous rappelons à ces derniers que le vote est un libre choix. Il ne faut donc pas qu'il soit l’objet de menaces dans les foyers", insiste-t-il.

 

 

"Le mariage n’a rien à voir avec la politique !"

Samba André, chef de quartier 25 de l’arrondissement 2 Bacongo (un quartier sud de Brazzaville), a été formé en janvier dernier par Mibeko sur le thème : "Je suis femme, je m’inscris sur les listes électorales, je retire ma carte d’électeur et je vote mon député". Il promet de relayer ce message dans ses prochaines réunions avant les législatives. De son côté, Gaétan Nkodia, député, explique que son rôle est d'amener des électeurs vers la majorité présidentielle, mais que, "s’il arrivait que ma femme soit dans l’opposition, il n’y aurait pas de problèmes. C’est de bonne guerre, démocratiquement parlant, parce que l’opposition nous stimule à faire mieux."

Plusieurs OSC militent pour que plus de femmes aient cette même liberté. Assistante programme à l’Organisation pour le développement et les droits humains au Congo (ODDHC), Raïssa Moussounda, formée en janvier par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à l’observation électorale, est convaincue, elle aussi, que le vote est une affaire personnelle. "Nos membres sont en train d’être formées à travers des séminaires. Elles descendront ensuite dans les arrondissements, quartiers, églises ou marchés relayer l’information, afin qu’aux futures élections (législatives de juillet, locales de 2013 et présidentielles de 2016, Ndlr), la femme congolaise vote sans subir l’influence de son époux."

Dans d’autres ONG, la sensibilisation produit déjà ses fruits. A Pointe-Noire, grâce aux séminaires organisés entre 2006 et 2007 par le Centre de promotion de la femme en politique (CPFP), deux époux quinquagénaires expriment aujourd’hui leur liberté sans que cela n’affecte leur foyer : "Comme on nous l’a appris lors d’un séminaire, le mariage n’a rien à voir avec la politique !"

Ghislaine Oba Apounou, conseillère juridique au ministère de la Promotion de la femme, rappelle : "Nous avons la politique nationale du genre. Et les textes régissant les libertés et droits fondamentaux au Congo tels que la Constitution mettent tous l’accent sur la liberté du vote." Pourtant, la compréhension de cette liberté semble encore très ambiguë dans certains ménages. A l'image du couple Mpassy du quartier Mbota de Pointe-Noire : "Nous nous sommes unis pour former une seule chair. Je dois faire la volonté de mon mari ou il doit faire la mienne. L’amour, c’est avant tout l’uniformité de la pensée."

 

Jean-Thibaut Ngoyi et John Ndinga-Ngoma

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Le partenaire

Syfia international est partenaire du CRP dans la mise en œuvre du projet. Son bureau français, l'association Journalistes Médiateurs (J'M), assiste le CRP dans la gestion financière de l'action et le suivi rédactionnel des journalistes, en particulier dans la production des articles. Syfia regroupe 15 agences de presse dont 12 en Afrique (parmi lesquelles le CRP) et 3 en Europe. Les 100 journalistes de l'équipe travaillent en réseau pour produire et diffuser des informations prioritairement destinées aux médias et aux lecteurs et auditeurs du Sud.

Les medias associés

La vingtaine de journalistes participants sont tous membres de radios ou de journaux de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Sibiti, Djambala et Ewo. Leurs responsables diffusent les émissions et les articles réalisés dans le cadre du projet et participent activement aux formations. La présente action mise en particulier sur les radios rurales pour élargir la diffusion vers l'intérieur du pays.

 

Autorités et OSC associées

24 associations de soutien aux femmes et 24 autorités locales (4 sur chacun des 6 sites de l'action) prennent l'habitude de se réunir régulièrement. Les OSC rurales sont davantage connues des médias et reconnues par les autorités.

Contact

Centre de Ressources pour la Presse – Gaston Elbi Enkari
g.elbienkari(a)gmail.com

 

Syfia international – Bureau français : association Journalistes Médiateurs - 125, rue Raimu - 34 070 Montpellier - Emmanuel de Solère Stintzy
edesolere(a)gmail.com