(CRP/Syfia) Ewo, chef-lieu du département de la Cuvette-Ouest, ne dispose que d’un seul forage d’eau potable gratuit. Très insuffisant pour environ 10 000 habitants…
« Lors de la municipalisation accélérée, en 2011, un forage a été installé au niveau de notre Hôtel de ville. Nous avons pensé qu’il fallait pérenniser cette activité de manière non lucrative, au niveau de notre communauté urbaine, car l'eau c'est la vie ! », résume Boniface Bagagnan, maire de cette même communauté urbaine d’Ewo.
Dans cette localité de la Cuvette-Ouest d’environ 10 000 habitants, la population manque d’eau potable. L’unique forage n’est en effet opérationnel que lorsque la mairie est ouverte et « le courant lancé en ville, soit de 8h à 14h », reconnaît monsieur le maire. Une initiative limitée, mais appréciée par les habitants. « Je suis contente d’avoir gratuitement de l’eau ici, même si je dois payer 250 Fcfa (0,40 €) par récipient pour le transport en taxi moto jusqu'à chez moi. J’aimerais qu’il y ait un autre forage dans mon quartier, à Kanga Mitéma (environ 1 km du centre-ville, Ndlr) », demande Firmine Akissa
Stevie, habitante du quartier Centre d’Ewo, décrit, elle aussi, un quotidien compliqué : « Je prends gratuitement de l’eau à la mairie du lundi au vendredi, de 9h à 13h. Le premier qui arrive au forage remplit ses récipients quelque qu'en soit le nombre… » Une absence de limitation qui crée souvent des embouteillages au forage… Mme Hélène, propriétaire d’un restaurant, constate, impuissante : « A la mairie, l’eau est gratuite, mais pour en avoir, c’est difficile ! Certains habitants arrivent avec chacun 10 à 15 bidons de 25 litres à remplir… Je suis obligée d'attendre qu’ils soient tous remplis... Certains jours, à 14h, la mairie ferme et je repars sans en avoir… Actuellement, mes neuf bidons sont vides. Nous sommes fatigués. Les autorités d’Ewo devraient construire plusieurs autres forages pour nous soulager… »
Urgence vitale
Conscient de ces insuffisances, le maire Boniface Bagagnan rêve de multiplier les forages gratuits en ville. Il affirme avoir initié un projet en ce sens en 2013-2014, qui n’a malheureusement pas abouti pour raisons financières. Du coup, certains habitants se tournent vers le forage d’Elonda, un hôtel de la place situé à environ 500 mètres de la mairie. « Le bidon de 25 litres y est vendu à 50 Fcfa (0,07 €) », précise encore Mme Hélène.
Un moindre mal, selon Jean Hubert Oussima, un autre habitant d’Ewo : « Autrefois, nous buvions l'eau des fontaines desservies par la Société nationale de distribution d’eau, l’eau des rivières traitée par la SNDE (Javel et autres produits désinfectants, Ndlr). Comme cette eau n’est plus traitée depuis 2014, les fontaines ne sont plus opérationnelles. Mais, dans certains villages autour d’Ewo, les habitants utilisent de l’eau non potable…»
Avec à la clef toutes sortes de maladies hydriques (choléra, diarrhées, etc.) Rappelons que, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la diarrhée est la deuxième cause de mortalité chez l’enfant de moins de cinq ans. A l’échelle de la planète, elle tue 760 000 enfants par an ! A Ewo et ses environs, il semble donc plus que jamais urgent de construire d’autres forages pour que la formule « l’eau c’est la vie ! » ait encore un sens…
Flore Michèle Makoumbou
Mai 2016