(Syfia/Crp) L'eau pure en sachets désormais vendue partout dans les rues de Brazzaville attire de plus en plus de consommateurs qui apprécient sa qualité que confirment les services d'hygiène. Tout le monde y trouve son compte.
Poto-Poto, quartier du centre de Brazzaville. Jacques Libakata, enfant d’une dizaine d’années, longe l’avenue de France. Cuvette bleue sur la tête, ce petit venu de la RDC vend à la criée des sachets d’eau. Libakata ne s’arrêtera pas à ce quartier, il ira plus loin : Mpila, Moungali, Ouenzé, etc. Peu importe la distance, l’objectif est de vendre le plus possible des sachets de 50 centilitres d’eau vendus 50 Fcfa (environ 0,07 €) l'unité. Sur chaque paquet de 50 sachets, la femme pour laquelle il travaille fait un bénéfice de 700 Fcfa, lui-même est payé 25 000 Fcfa le mois. Dans tous les coins et recoins de la capitale congolaise, on rencontre ces jeunes qui vendent l’eau en sachet, au bord des rues, dans les marchés…. Leur nombre semble augmenter au rythme des entreprises qui se créent peu à peu pour répondre au besoin croissant des habitants de la ville.
Pour de nombreux consommateurs, l’eau en sachet plastique coûte deux à trois fois moins cher que l'eau minérale en bouteille de 1,5 litre telle que Mayo, Okiessi ou Cristal vendue entre 300 et 500 Fcfa. L'autre raison de cette engouement est, selon les Brazzavillois, la bonne qualité de l’eau en sachet. "L’eau de la Snde (Société nationale de distribution d’eau), entreprise publique, contient quelques dépôts", explique Fally, maçon au quartier Poto-Poto. Une femme, agent de santé renchérit : "L’eau en sachet, elle, est stérilisée à l’aide de rayons ultra violets". Ce que confirme Haidara Sidi Mohamed, directeur général de la société Maisana qui ouvre facilement les portes de son entreprise équipée d’ordinateurs pilotant les machines de traitement d’eau, de la source au conditionnement. "C’est l’eau de la Snde que nous traitons selon les normes de l’Oms (Organisation Mondiale de la Santé) et du ministère congolais de la Santé", dit-il.
Une eau régulièrement contrôlée
Comme les quelque douze entreprises répertoriées à Brazzaville, Maisana soumet régulièrement, soit deux fois par mois, son produit à l’analyse du laboratoire national de bromatologie. "Toutes les sociétés enregistrées à l’administration sanitaire font toujours l’objet des contrôles de qualité", confirme le docteur Gabriel Eleka, directeur de l’hygiène générale au Congo. Selon lui, lorsque l'eau traitée pose un problème, les techniciens du service d'hygiène donnent des conseils à la société concernée pour le résoudre. Si elle ne les met pas en pratique, les services d'hygiène font fermer momentanément l'usine.
Jusqu’ici, aucune situation grave (maladie) ayant trait à l’eau en sachet n’a encore été évoquée par le laboratoire de bromatologie ni par les associations de défense des droits des consommateurs. Mais les techniciens de l’hygiène éprouvent des difficultés à contrôler aussi souvent que nécessaire, une fois par jour dans l'idéal, la production de ces sociétés par manque de personnel suffisant. Ce qui sans doute favorise la circulation facile de l’eau produite par quelques entreprises non encore répertoriées au ministère de la Santé ainsi que la vente d'eau en sachets de Kinshasa qui traverse le fleuve de nuit.
La vente d’eau en sachet a beau être fructueuse pour les entreprises, les grossistes, les détaillants et un soulagement pour les populations, elle pose tout de même des problèmes d’environnement. Car tous les sachets, une fois leur eau bue, sont jetés dans les rues. Ces emballages vides qui jonchent les avenues, bouchent les caniveaux et sont parfois des réservoirs à moustiques. Selon le Docteur Eleka, les autorités sont conscientes du problème et un arrêté interministériel serait en cours d’examen qui interdira l'utilisation des sacs en plastique qui devront être remplacés par des sachets biodégradables.