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Présentation

  • : Le blog de Syfia Congo Brazza
  • : Sur ce blog, vous trouverez des articles et des émissions sur la société civile congolaise. Un projet soutenu par l'Union européenne et mené par Syfia international et le Centre de Ressources pour la Presse (CRP).
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Le projet

Soutenu par l'Union européenne, le projet encourage le dialogue entre les autorités locales et les organisations de femmes qui luttent contre la pauvreté et pour un meilleur respect de leurs droits en milieu rural. Les journalistes vont jouer le rôle de médiateurs en favorisant notamment les rencontres débats entre ces trois groupes.

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Articles réalisés avec l'aide financière de l'Union européenne. Le contenu de ces articles relève de la seule responsabilité de Syfia international et du CRP ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l'Union européenne.

Qui sommes-nous ?

Crée en 1994, le Centre de ressources pour la presse (CRP), association à but non lucratif de la presse congolaise, coordonne cette action. Il est le garant de la ligne rédactionnelle en étroite collaboration avec son partenaire, Syfia International. Il sélectionne, forme et suit individuellement les journalistes, organise les ateliers, les débats communautaires et les conférences de rédaction, assure les relations avec les médias locaux et suit la diffusion des émissions et des articles.

2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 10:11

(Syfia/CRP) À Pointe-Noire, des filles mères, abandonnées par le père de leurs enfants et rejetées par leurs familles, retrouvent dignité et autonomie grâce à une association. Sylvie Viviane Messo, sa présidente, s'appuie sur son expérience personnelle pour leur redonner espoir.

 

"Que Dieu assiste les mamans. Au revoir." Sylvie Viviane Messo, 36 ans, est, depuis 2006, une présentatrice bien connue des téléspectateurs et auditeurs de Dvs+, un média privé de Pointe-Noire. Les fans du Journal de maman Sylvie apprécient en particulier son art de manier les langues vernaculaires. "Comme Laurent Botseké (ancien célèbre journaliste en langue locale, Ndlr), elle plie et broie les mots avec aisance", commente Diane Cassandre Moukassa-Tsingui, une téléspectatrice.

Au quartier Loussala, dans le 3e arrondissement, Sylvie est plutôt vue comme une "folle de papiers" qui ne fait qu’écrire et lire à longueur de journée. "C’est une boîte à idées !", observe son logeur qui se demande si elle se repose parfois... Les papiers en question concernent des projets, conçus pour la plupart en 2008, date à laquelle elle a créé l’Association de la jeune fille et femme démunie et désoeuvrée du Congo (AJFFDDC). "Question, dit-elle, de réunir les mères abandonnées autour d’une plate-forme où elles peuvent réfléchir à des solutions durables à leur situation".

 

"Rejetées par les parents"

Si Sylvie Viviane Messo s'investit autant pour les filles-mères, c'est qu'elle a personnellement vécu les mêmes difficultés. Aînée d’une fratrie de huit enfants, elle est tombée enceinte à 14 ans. La même année mourait son père, médecin…: "Les parents de mon père se sont valablement occupés de moi, mais je me suis confiée naïvement au père de Gracia, ma fille. Bien que jeune à l’époque, il a assumé ses responsabilités. Je me suis séparée de lui pour raisons personnelles. Aujourd’hui, il travaille et s’est marié, mais j’ai toujours préféré que Gracia soit à mes côtés. Elle a fait basculer ma vie ; elle est le symbole de ma prise de conscience."

Sans soutien de parents, Sylvie a gravi plusieurs niveaux et cycles scolaires pour décrocher une licence d'anglais à 23 ans. "Après le père de Gracia, j’ai été rigoureuse envers mes amis en les enjoignant de s’impliquer dans mes études. Aujourd'hui encore, j’exhorte les membres de l’ AJFFDDC à avoir l’esprit d’initiative, quand bien même elles auraient un amant ou un mari". Pour "mieux scruter la société congolaise", Sylvie suit des formations dans plusieurs chaînes de télévision et de radio. C'est au cours de ses reportages sur Dvs+ qu'elle a été "choquée" par le sort des filles mères, souvent issues de milieux pauvres. "Tout commence dès la première grossesse, explique-t-elle. Croyant résoudre un problème, elles se lancent dans la prostitution. Cela renforce leur vulnérabilité face aux infections sexuellement transmissibles, aggrave leur pauvreté et les plonge dans un total désespoir".

Ainsi, chaque mois depuis deux ans, près de cinq filles mères s'adressent à la direction des Affaires sociales de Pointe-Noire pour résoudre leurs problèmes liés à l’abandon par leur conjoint ou au rejet familial. "Elles sont rejetées par les parents aux revenus insuffisants, qui considèrent qu’un petit-fils est une charge supplémentaire", souligne un agent des Affaires sociales. Prudence, 19 ans et deux enfants de pères différents, se prostitue sans que cela ne choque outre mesure ses proches. "C’est le prix de sa naïveté. Elle doit se battre seule pour survivre", commente un de ses frères. "Peut-être trouverais-je ainsi un homme qui m’épousera et prendra en charge mes enfants. C’est honteux, me direz-vous, mais je n’ai pas le choix", estime Prudence.

 

"Devenir moi aussi une leader"

L'association de Sylvie tente d'aider certaines de ces jeunes femmes comme Jacquie, 34 ans, mère de quatre enfants de pères différents. Tous l’ont abandonnée parce qu’ils étaient "irresponsables", résume Jacquie. En 2009, grâce à l’Ajffddc, Jacquie, comme les dix-neuf autres membres, a été formée à l’élaboration de projets et à la broderie. Elle vend aujourd’hui des yaourts, des jus de fruits et du charbon pour financer les études de ses enfants dont un garçon qui prépare le bac littéraire. Jacquie, qui veut "multiplier" ses chances et ses revenus, suit sérieusement sa formation en couture dans un atelier privé où elle a été placée à titre gracieux.

Pour ces femmes, briser l'isolement est capital. "Le salut peut venir de la vie associative !", assure une nouvelle adhérente. "Je suis une mère. Sylvie est ma maman, car elle m’a redonné espoir. Mon rêve est de devenir moi aussi une leader", lance Jacquie. Malgré les difficultés de financement des projets de son association qui soutient notamment ses membres malades dont les séropositives, Sylvie n'est pas près de baisser les bras. Elle n'arrêtera que quand "toutes les femmes du monde seront devenues des pôles de développement".

 

John Ndinga-Ngoma

Juin 2010

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commentaires

R
Je sui un Artiste Congolais native de Nantes.
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Le partenaire

Syfia international est partenaire du CRP dans la mise en œuvre du projet. Son bureau français, l'association Journalistes Médiateurs (J'M), assiste le CRP dans la gestion financière de l'action et le suivi rédactionnel des journalistes, en particulier dans la production des articles. Syfia regroupe 15 agences de presse dont 12 en Afrique (parmi lesquelles le CRP) et 3 en Europe. Les 100 journalistes de l'équipe travaillent en réseau pour produire et diffuser des informations prioritairement destinées aux médias et aux lecteurs et auditeurs du Sud.

Les medias associés

La vingtaine de journalistes participants sont tous membres de radios ou de journaux de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Sibiti, Djambala et Ewo. Leurs responsables diffusent les émissions et les articles réalisés dans le cadre du projet et participent activement aux formations. La présente action mise en particulier sur les radios rurales pour élargir la diffusion vers l'intérieur du pays.

 

Autorités et OSC associées

24 associations de soutien aux femmes et 24 autorités locales (4 sur chacun des 6 sites de l'action) prennent l'habitude de se réunir régulièrement. Les OSC rurales sont davantage connues des médias et reconnues par les autorités.

Contact

Centre de Ressources pour la Presse – Gaston Elbi Enkari
g.elbienkari(a)gmail.com

 

Syfia international – Bureau français : association Journalistes Médiateurs - 125, rue Raimu - 34 070 Montpellier - Emmanuel de Solère Stintzy
edesolere(a)gmail.com