Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de Syfia Congo Brazza
  • : Sur ce blog, vous trouverez des articles et des émissions sur la société civile congolaise. Un projet soutenu par l'Union européenne et mené par Syfia international et le Centre de Ressources pour la Presse (CRP).
  • Contact

Le projet

Soutenu par l'Union européenne, le projet encourage le dialogue entre les autorités locales et les organisations de femmes qui luttent contre la pauvreté et pour un meilleur respect de leurs droits en milieu rural. Les journalistes vont jouer le rôle de médiateurs en favorisant notamment les rencontres débats entre ces trois groupes.

Recherche

.

Articles réalisés avec l'aide financière de l'Union européenne. Le contenu de ces articles relève de la seule responsabilité de Syfia international et du CRP ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l'Union européenne.

Qui sommes-nous ?

Crée en 1994, le Centre de ressources pour la presse (CRP), association à but non lucratif de la presse congolaise, coordonne cette action. Il est le garant de la ligne rédactionnelle en étroite collaboration avec son partenaire, Syfia International. Il sélectionne, forme et suit individuellement les journalistes, organise les ateliers, les débats communautaires et les conférences de rédaction, assure les relations avec les médias locaux et suit la diffusion des émissions et des articles.

2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 09:16

 

 

(Syfia/CRP) La prostitution des enfants, adolescentes et très jeunes femmes se banalise à Brazzaville. En cause : la pauvreté, l'irresponsabilité des parents, la méconnaissance ou le non-respect des lois… Seuls quelques associations et éducateurs semblent avoir pris la mesure du problème.

 

"Je sors avec plusieurs garçons. Mes parents, incapables de subvenir à mes besoins, bénéficient de mes relations. Mon père a trouvé du travail grâce à un de mes clients", confie Sylvie. De nombreuses enfants, adolescentes et très jeunes femmes arpentent désormais entre 18 heures et tard dans la nuit le centre-ville de Brazzaville en tenue sexy et provocante à la quête d’une proie. Âgées de 12 à 20 ans, ces "mou crocodile" (dévoreuses d’hommes), se retrouvent dans les rues, ainsi que dans les restaurants et les night-clubs huppés. Leurs cibles privilégiées : les hommes d’affaires, les diplomates et autres portefeuilles bien garnis. "Locaux ou étrangers, l’essentiel est que le consommateur paye bien son heure", résume Dorielle.

Ce commerce sexuel ne semble pas déranger outre mesure les parents. Certains encouragent même leurs progénitures à se lancer dans cette pratique pour échapper à la misère. Cigarette à la main Lucette explique, toute fière : "J’ai longtemps vécu dans la galère. Aujourd’hui, grâce à ce que je fais, j’ai un chez-moi et un compte en banque. J’ai 19 ans, je m’occupe de mes deux frères et sœurs et de ma petite fille. Ce qui me manque, ce sont mes amis, mais avec ce que je fais, mieux vaut être discrète…"

En effet, pour beaucoup de jeunes femmes, le silence est d’or dans ce métier. "Ceux qui nous jugent ne savent pas ce que nous endurons. Je suis en classe de 3e. Je me prostitue seulement de temps en temps, quand j’ai besoin d’argent. Je ne suis pas comme ces enfants de riches qui le font pour avoir de bonnes notes ! Je ne peux pas en parler à mes amis", explique Rose, bien consciente des risques qu’elle encoure. "Je prends mes précautions, j’ai des rapports protégés", s’empresse-t-elle d'ajouter.

 

Clients cyniques, parents irresponsables

L'exploitation sexuelle de ces jeunes et très jeunes femmes, par des hommes qui pourraient être leurs pères, n’émeut presque personne. Surtout pas leurs clients… "Ce sont elles qui viennent à nous. Elles sont bien conscientes de ce qu’elles font. Si leurs parents l’acceptent, est-ce à moi de jouer le rôle de l’assistance sociale ?", questionne, avec une bonne dose de cynisme, l'un d'entre eux qui a requis l’anonymat.

Selon un rapport d’analyse effectué dans le cadre du programme protection des enfants et des femmes par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) en juin 2009, le revenu des jeunes filles de la rue qui pratiquent la prostitution varie de 30 000 à plus de 150 000 Fcfa (de 45 à plus de 230 €)… trois fois le Smig !

En plus de la cupidité, de l'irresponsabilité ou de la démission, s'ajoute chez certains parents l'ignorance de la loi. "Certains articles qui précisent leur obligation de pourvoir aux besoins de leurs enfants et d’assurer leur protection et énoncent les devoirs de l’État ont été adoptés par l’Assemblée nationale, mais attendent d’être promulgués", regrette Maître Marie-Hélène Nanitelamio, de l’Association des femmes juristes du Congo. Actuellement en vigueur, la loi Portella et ses décrets d'application interdit aux moins de 16 ans de sortir sans être accompagnés de leurs parents à partir de 20 heures, de fréquenter les bars, cinémas, et dancings. Maître Nanitelamio regrette que les autorités ne vulgarisent pas ces lois, décrets et autres conventions internationales pourtant ratifiées par le Congo.

Le Code pénal punit pourtant d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 400 000 à 4 millions de Fcfa (de 600 à 6 000 €), toute personne qui embauche, entraîne, ou entretient, même avec son consentement, une personne même majeure en vue de la prostitution, ou la livre à la prostitution ou à la débauche. Seuls quelques associations et éducateurs bataillent pour que ces enfants soient pris en charge. "Nous avons initié un projet dans ce sens, mais il n’a pas abouti par manque de financements", déclare Pierre Chetel Kouanga, secrétaire général de l'Union pour l'étude et la recherche sur la population et le développement. La bataille contre ce fléau est d'autant plus difficile que ce dernier s’immisce jusque dans les établissements scolaires. "Comment comprendre qu'un père fasse plus de deux ans sans acheter un habit à sa fille, alors qu’il se saoule chaque jour ?", questionne Juliette Mbemba, enseignante parente d’élève dans un lycée de la place.

 

Annette Kouamba Matondo

 

Mars/Avril 2010

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Le partenaire

Syfia international est partenaire du CRP dans la mise en œuvre du projet. Son bureau français, l'association Journalistes Médiateurs (J'M), assiste le CRP dans la gestion financière de l'action et le suivi rédactionnel des journalistes, en particulier dans la production des articles. Syfia regroupe 15 agences de presse dont 12 en Afrique (parmi lesquelles le CRP) et 3 en Europe. Les 100 journalistes de l'équipe travaillent en réseau pour produire et diffuser des informations prioritairement destinées aux médias et aux lecteurs et auditeurs du Sud.

Les medias associés

La vingtaine de journalistes participants sont tous membres de radios ou de journaux de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Sibiti, Djambala et Ewo. Leurs responsables diffusent les émissions et les articles réalisés dans le cadre du projet et participent activement aux formations. La présente action mise en particulier sur les radios rurales pour élargir la diffusion vers l'intérieur du pays.

 

Autorités et OSC associées

24 associations de soutien aux femmes et 24 autorités locales (4 sur chacun des 6 sites de l'action) prennent l'habitude de se réunir régulièrement. Les OSC rurales sont davantage connues des médias et reconnues par les autorités.

Contact

Centre de Ressources pour la Presse – Gaston Elbi Enkari
g.elbienkari(a)gmail.com

 

Syfia international – Bureau français : association Journalistes Médiateurs - 125, rue Raimu - 34 070 Montpellier - Emmanuel de Solère Stintzy
edesolere(a)gmail.com