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Présentation

  • : Le blog de Syfia Congo Brazza
  • : Sur ce blog, vous trouverez des articles et des émissions sur la société civile congolaise. Un projet soutenu par l'Union européenne et mené par Syfia international et le Centre de Ressources pour la Presse (CRP).
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Le projet

Soutenu par l'Union européenne, le projet encourage le dialogue entre les autorités locales et les organisations de femmes qui luttent contre la pauvreté et pour un meilleur respect de leurs droits en milieu rural. Les journalistes vont jouer le rôle de médiateurs en favorisant notamment les rencontres débats entre ces trois groupes.

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Articles réalisés avec l'aide financière de l'Union européenne. Le contenu de ces articles relève de la seule responsabilité de Syfia international et du CRP ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l'Union européenne.

Qui sommes-nous ?

Crée en 1994, le Centre de ressources pour la presse (CRP), association à but non lucratif de la presse congolaise, coordonne cette action. Il est le garant de la ligne rédactionnelle en étroite collaboration avec son partenaire, Syfia International. Il sélectionne, forme et suit individuellement les journalistes, organise les ateliers, les débats communautaires et les conférences de rédaction, assure les relations avec les médias locaux et suit la diffusion des émissions et des articles.

23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 07:49

(Syfia/CRP) Ces derniers temps, les slameurs sont de plus en plus appréciés à Brazzaville. Parmi ces magiciens des mots, des jeunes regroupés en une association. Voix affirmées et textes engagés font leur succès.

 

"Ici, on ne dit pas merci. La joie est très loin du paradis. Les feux des entrailles ne sont pas maudits, mais heureux sont les bannis. Tout le monde veut partir ailleurs, fuir la galère, la guerre, avoir un rêve nomade (…). Donc, je ne suis pas perdu. Quelqu’un a juste déplacé ma rue, m’a montré les rêves de la télé que le pays tarde à réaliser (…)", déclame Aryan 04 sur un ton léger, le regard perdu au ciel.

Puis le silence se fait. La voix de Précieux coordonnateur du groupe Styl’Oblique s’élève dans le hall de la cafétéria du Centre culturel français (CCF). "Le slam…" lance-t-il. "… s’enflamme !", répondent ses complices à l'unisson. Depuis trois ans, c'est le cri de ralliement de cette formation d'environ une vingtaine de jeunes. Aryan 04, Boris, Robinson Solo… Chacun des membres marque sa présence par une composition personnelle. "Toi, femme que mes yeux ont longtemps convoitée / Toi femme qui pieds nus dès l’aurore bravait des sentiers masqués de cailloux et d’herbes/ Femme qui, pagne s’arrêtant aux genoux, activait nuit et jour ce feu de bois (…)", enchaîne Robinson Solo dans Lettre à une femme.

 

Slameurs porte-parole

Étudiants ou chômeurs pour la plupart, âgés de 18 à 35 ans, ces poètes des temps modernes décident de créer le groupe Styl’Oblique en 2007 à Pointe-Noire. Ils n’ont alors pas de lieu pour se retrouver et sollicitent le concours du CCF qui met à leur disposition un local pour leurs rencontres. Le groupe se forme avec Loïc Bonimar, slameur français, et construit petit à petit sa propre identité. "Styl’Oblique est un nom qui a une valeur affectueuse ; c’est le nom de l’association de Loïc", explique Précieux Boumba, coordonnateur de l’association au Congo.

À Brazzaville, le slam connaît ces derniers temps un certain engouement. Le groupe ne rate jamais une occasion de se produire. Ses membres jouent le plus souvent au CCF et lors de festivals ou de manifestations populaires. "Slamer pour moi signifie sortir de ma coquille, extérioriser la partie cachée de ma vie, mes envies, mes peurs et mes doutes", confie Memelle, une collégienne de 15 ans primée lors de la compétition interscolaire lancée par Styl’Oblique. Ce concours a réuni, en mars dernier, plus de 500 élèves de sept établissements (collèges et lycées) et une vingtaine de professeurs.

Un premier coup d’essai applaudi par les responsables des écoles qui déplorent avoir peu d’activités de ce genre pour susciter le talent de leurs apprenants et désirent que cette dynamique s'amplifie tout au long de l’année. "Je pense que c’est un excellent moyen pédagogique pour inciter les enfants à écrire, à les forger dans la narration", argumente un professeur de lycée de Brazzaville. Une compétition qui a aussi eu du succès auprès des élèves : "Ces slameurs sont comme nos porte-parole. Ils expriment ce que nous ressentons : déboires comme espoirs", résume une lycéenne.

 

Art tous publics

"Les jeunes raffolent de cette nouvelle forme d’expression, il n’y a qu’à voir le nombre d’élèves et de professeurs qui se sont impliqués lors de la compétition interscolaire", se félicite Ferdinand, coordonnateur du magazine Planète Jeunes (Congo) qui voudrait que certains écrits soient publiés dans les revues de la place pour faire connaître le talent de ces jeunes. "Ces joutes verbales captivent et font prendre conscience", observe Dorient Kaly, administrateur de l’association Espace Tiné dont l’objectif est de mettre en valeur les arts de la parole et du langage. Cette ONG encourage des jeunes en les invitant lors de son festival (Rencontres itinérantes des arts de la parole et du langage, RIAPL, à Brazzaville) et intervient parfois dans les écoles. Dorient estime que le succès du slam repose sur ses textes. "Difficultés d’emploi, problèmes de santé, abus d'hommes en arme... Ils font réfléchir, car ils répondent aux besoins des jeunes. Tout le monde semble y trouver une part de son vécu", précise Dorient.

"En mariant poésie et spectacle interactif, le slam est un terrain d'expression idéal. Il touche tous les publics, bien au-delà des cercles littéraires classiques. En ce sens, il se rapporte aux formes traditionnelles d’expression comme les incantations lors des séances initiatiques dans les campagnes", analyse Abdon Fortuné Koumbha, directeur artistique du festival RIAPL.

Festival, stages, spectacles… Les jeunes slameurs ont dorénavant différentes tribunes pour s’exprimer. Le souffle de leur poésie engagée ne semble cependant pas avoir encore atteint les sphères des autorités spécialisées. Beaucoup d'entre elles ignorent tout de cette nouvelle forme d'expression.

 

Annette Kouamba Matondo

Juillet 2010

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commentaires

O
<br /> slt!c'est vraiment super votre article.Bon,je suis egalement un slameur ecuato-guineen.je pense que cela pourra etre interessant si je pouvais participer au festival dont je vous ai entendu parle<br /> <br /> <br />
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Le partenaire

Syfia international est partenaire du CRP dans la mise en œuvre du projet. Son bureau français, l'association Journalistes Médiateurs (J'M), assiste le CRP dans la gestion financière de l'action et le suivi rédactionnel des journalistes, en particulier dans la production des articles. Syfia regroupe 15 agences de presse dont 12 en Afrique (parmi lesquelles le CRP) et 3 en Europe. Les 100 journalistes de l'équipe travaillent en réseau pour produire et diffuser des informations prioritairement destinées aux médias et aux lecteurs et auditeurs du Sud.

Les medias associés

La vingtaine de journalistes participants sont tous membres de radios ou de journaux de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Sibiti, Djambala et Ewo. Leurs responsables diffusent les émissions et les articles réalisés dans le cadre du projet et participent activement aux formations. La présente action mise en particulier sur les radios rurales pour élargir la diffusion vers l'intérieur du pays.

 

Autorités et OSC associées

24 associations de soutien aux femmes et 24 autorités locales (4 sur chacun des 6 sites de l'action) prennent l'habitude de se réunir régulièrement. Les OSC rurales sont davantage connues des médias et reconnues par les autorités.

Contact

Centre de Ressources pour la Presse – Gaston Elbi Enkari
g.elbienkari(a)gmail.com

 

Syfia international – Bureau français : association Journalistes Médiateurs - 125, rue Raimu - 34 070 Montpellier - Emmanuel de Solère Stintzy
edesolere(a)gmail.com