(CRP/Syfia) Aucun établissement d'épargne à proximité immédiate... Manque de formation adaptée... Les femmes de Doumanga, dans le Kouilou, peinent à faire des économies. Lors d'un débat communautaire, elles en ont parlé avec des représentants de structures spécialisées.
"Lorsque je vends du manioc ou de la banane, je fais des achats et je garde le reste de l'argent dans un coin de mon pagne. Quelques jours après, j'ai tout dépensé. Nous n'avons ici aucun établissement de micro-finance pour garder notre argent !", s'est plaint, le 29 novembre dernier, Aurélie Mabiala, une habitante de Doumanga, un village du district de Mvouti à 70 km de Pointe-Noire, dans le département du Kouilou.
C'était à l'occasion du débat communautaire intitulé : "Rapprochées, les micros finances permettraient à la femme rurale de bénéficier de leurs avantages afin de lutter contre la pauvreté". Un débat organisé par le Centre de Ressources pour la Presse (CRP) et animé par les journalistes Haircy Mbimi et Guillène Bibaya Malonda, sous la coordination de Solange Léocadie Kibelolo, coordinatrice départementale. Ces échanges se sont déroulés dans le cadre du projet "Journalistes, associations et autorités locales contribuent à un meilleur respect des droits des femmes rurales pour lutter contre la pauvreté". Un projet piloté par le CRP en partenariat avec Syfia International et financé par l'Union européenne.
"Savoir gérer un crédit"
Au cours de ce débat, 30 femmes de Doumanga, un village d'environ 1 000 habitants, ont toutes reconnu qu'elles n'épargnaient presque pas, malgré leurs multiples efforts pour gagner de maigres revenus. A leurs yeux, garder l'argent chez elles comporte beaucoup de risques. "La maison peut prendre feu ou être cambriolée. A l'inverse, dans une structure de micro-finance, l'argent, même s'il n'y en a pas beaucoup, est en sécurité", a fait savoir Blanche Ngoma, une habitante. Clarisse Ndembi, une autre participante, a précisé : "Nous connaissons l'importance d'une micro finance, mais ces établissements sont éloignés de nos villages. En avoir un chez nous nous permettrait de faire des économies et de réaliser de grands projets..."
Ce à quoi Emery Dibamba, directeur général adjoint de la Caisse de participation à la promotion des entreprises et leur développement (Capped), également invité au débat, a répondu : "Il nous est difficile de fonctionner sans internet, ni électricité. Et puis, avant de nous installer quelque part, nous tenons compte du nombre d'habitants actifs dans une localité." Il a ensuite expliqué comment obtenir un crédit auprès de l'agence Capped de Mongo-Kamba située à la périphérie de Pointe-Noire et la responsabilité qui en découlait : "Le crédit est destiné à être remboursé. On ne l'octroie pas à n'importe qui. En Afrique de l'Ouest, les femmes, même celles qui étalent leurs marchandises sur le sol, ont la culture du crédit."
Marie-Jeanne Stimbault, directrice départementale de l'Intégration de la femme au développement, a insisté sur la nécessité de "savoir gérer un crédit. Les femmes de Bilala (un autre village du district de Mvouti, à environ 100 km de Pointe-Noire, Ndlr)par exemple ont bénéficié d'une formation à Brazzaville. Aujourd'hui, elles se sont constituées en coopératives. Je félicite en tout cas l'équipe du CRP qui a rendu possible cette rencontre pour que les femmes de Doumanga soient édifiées sur la nécessité de garder l'argent dans une micro finance."
John Ndinga-Ngoma
Décembre 2014