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Présentation

  • : Le blog de Syfia Congo Brazza
  • : Sur ce blog, vous trouverez des articles et des émissions sur la société civile congolaise. Un projet soutenu par l'Union européenne et mené par Syfia international et le Centre de Ressources pour la Presse (CRP).
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Le projet

Soutenu par l'Union européenne, le projet encourage le dialogue entre les autorités locales et les organisations de femmes qui luttent contre la pauvreté et pour un meilleur respect de leurs droits en milieu rural. Les journalistes vont jouer le rôle de médiateurs en favorisant notamment les rencontres débats entre ces trois groupes.

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Articles réalisés avec l'aide financière de l'Union européenne. Le contenu de ces articles relève de la seule responsabilité de Syfia international et du CRP ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l'Union européenne.

Qui sommes-nous ?

Crée en 1994, le Centre de ressources pour la presse (CRP), association à but non lucratif de la presse congolaise, coordonne cette action. Il est le garant de la ligne rédactionnelle en étroite collaboration avec son partenaire, Syfia International. Il sélectionne, forme et suit individuellement les journalistes, organise les ateliers, les débats communautaires et les conférences de rédaction, assure les relations avec les médias locaux et suit la diffusion des émissions et des articles.

19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 09:19

(Syfia/CRP) Il est actuellement très difficile de louer à un prix abordable au centre de Brazzaville. Les tarifs ont augmenté et bon nombre de locataires qui ne peuvent plus faire face déménagent dans des quartiers périphériques. Ils y trouvent d'autres difficultés…

 

"Un jour, mon logeur m'a annoncé qu’à compter du mois prochain, le loyer passait de 10 000 à 15 000 Fcfa (de 15 à 23 €). Je suis donc parti à 7 kilomètres du centre de Brazzaville", explique Abdou. Depuis deux ans, cet étudiant rencontre des difficultés de transports et souhaite habiter le Plateau, en centre-ville, l’année prochaine.

Comme Abdou, bon nombre de locataires vivent aujourd’hui loin du cœur de Brazza, à cause du coût élevé des loyers. Pachel Ndinga, un militaire, a ainsi quitté l’arrondissement 5 Ouénzé pour un quartier situé à 17 km du centre. Il y loue une maison de trois pièces à 10 000 Fcfa, le prix d’un studio dans les quartiers du centre. "A 10 km de Brazzaville, nous louons une maison de huit pièces à 4 000 Fcfa, surenchérit Ornela, avant de préciser "que cette maison n'est qu’à moitié tôlée".

Habiter ces quartiers excentrés comporte en effet des désagréments. Ferdinand, qui vit à Makazou, à environ 5 km de la ville, déplore les problèmes d’eau, d’électricité et de transport auxquels il est confronté. Ce quartier qui, en 2000, n'avait que 4 000 habitants en comptait près du double quatre ans plus tard. Il semble aujourd'hui être victime de son succès. Comme d'autres, il accueille de plus en plus de personnes à faible pouvoir d’achat, mais aussi d'ex-locataires devenus propriétaires qui y construisent de belles maisons. En 2000, y louer une maison trois pièces coûtait 15 000 Fcfa. Cinq ans après, il fallait débourser 35 000 Fcfa (53 €). Actuellement, il faut compter 50 000 Fcfa (76 €).

 

Le chantier de l'immobilier

Louer à un prix abordable étant devenu difficile, certains Congolais ont recours à des agences de courtage qui prélèvent 10 % du montant versé au logeur par le locataire. Jean-Claude, qui tient une agence, dénonce ces "logeurs pas sérieux qui obligent les locataires à leur verser de grosses cautions allant jusqu'à six mois de loyer". "Du coup, les clients nous traitent de menteurs et d’escrocs", conclut-il. Les responsables du ministère de la Construction, de l’urbanisme et de l'habitat travaillent actuellement sur un projet de loi règlementant l’exercice des professions d’agent et de courtier immobilier, ainsi que le contrat de bail entre logeur et locataire. "L’État est démissionnaire. Il manque de suivi et laisse les logeurs fixer librement les prix", déplore un responsable de la mairie de Moutabala, dans le 7è arrondissement, à 7 km du centre de Brazzaville. Joseph Moukala, propriétaire d’une maison, justifie ainsi certaines augmentations de loyer : "Les terrains sont chers et le sac de ciment coûte 11 000 Fcfa." Depuis 2002, Joseph, lui, loue toujours 30 000 Fcfa ses deux chambres-salon.

De son côté, Dieudonné Moussala, président local de l’Association internationale des consommateurs, plaide auprès des autorités "afin de les inciter à améliorer les conditions de vie des populations dans ces quartiers reculés. Notamment en leur fournissant l’eau et l’électricité." Des autorités conscientes de cette situation, qui rappellent notamment les logeurs à la raison. Jean-Jacques Youlou, directeur général au ministère de la Construction, estime ainsi que "l’expropriation de 200 voire 300 habitants n’est pas une raison valable pour augmenter le prix des logements."

Depuis deux ans, les autorités détruisent en effet des maisons de fortune construites ou occupées à la hâte au centre-ville à la fin de la guerre dans des édifices endommagés. Elles exproprient et dédommagent leurs habitants. Les nouvelles constructions, chères, ne permettent généralement pas aux anciens occupants de rester. Du coup, bon nombre d'entre eux repartent dans les villages où ils trouvent plus facilement un terrain et y construisent une maison. D'autres restent à Brazzaville et se rabattent vers des quartiers périphériques. Au centre-ville, il ne semble plus y avoir de place pour eux.

 

Flaure Tchicaya

 

Mars 2010

 

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 10:18

(Syfia/CRP) À Pointe-Noire, les handicapés sont victimes de toutes sortes de préjugés. À force de courage et avec l'aide d'un centre spécialisé, certains arrivent cependant à montrer qu'ils sont, comme n'importe quelle personne dite"normale", précieux et utiles à la société.

 

Trisomie, difficultés d’élocution, déficience auditive, problèmes de motricité… À Pointe-Noire, nombreux sont les enfants à souffrir de divers handicaps mentaux et physiques. La société les met tous dans le même sac et les traite de yeza ("idiot", en munukutuba et en lingala). "Un yeza ne sert à rien dans une famille", assure une mère sans décliner son identité, "honteuse d’avoir un enfant pareil."

Ces enfants sont stigmatisés jusque dans leurs propres foyers à cause de croyances mystiques encore très répandues. "Satan les envoie pour nous faire souffrir. Cela ne sert à rien de se tracasser pour eux. Il faut attendre le dernier jour quand il les rappellera", assène, sans la moindre compassion, une femme pourtant infirmière. "De nombreux parents pensent que l’arrivée d’un déficient est une sorte de punition divine et héréditaire", explique un agent de la direction départementale des Affaires sociales avant de poursuivre, "aucune institution du pays ne songe à briser ce mythe, ne serait-ce que par la sensibilisation. Démissionnaires, les pouvoirs publics considèrent les Affaires sociales comme un gouffre à sous." Roland Bouiti Viaudo, maire de Pointe-Noire, rétorque : "Nous concevrons bientôt un plan d’action en faveur de ces citoyens délaissés."

En attendant, ces Congolais, totalement ou presque livrés à eux-mêmes, se battent pour garder espoir et dignité. À l'image de Chantal Balou, 12 ans, remise de ses difficultés d’élocution. Aujourd'hui, elle s'exprime dans un langage articulé. Et Chantal ose faire des projets d'avenir comme les autres adolescentes de son âge : "Les maîtresses et les maîtres m’apprennent à lire et à écrire. Grâce à eux, je pourrai réaliser mon rêve de devenir sage-femme."  Depuis deux ans, elle suit des séances d’orthophonie au Centre spécialisé de rééducation orthophonique et otoacoustique (CSROO) de Pointe-Noire.

 

"Donner de la dignité"

Dans ce centre, créé en 1995 et soutenu par des bailleurs étrangers, on s'applique par différentes disciplines (orthophonie, graphisme, kinésithérapie, etc.) à déceler et exploiter les atouts de cinquante enfants. "Ils étaient abandonnés et désespérés, comme moi. Quand j'étais petit, j’ai perdu six ans sans apprendre avant de suivre une formation spécialisée en déficience auditive", explique Paul Labou, directeur du CSROO et professeur de chimie-biologie, marqué par sa propre expérience. "Leur insertion socioprofessionnelle est très difficile. Mais, nous ne baissons pas les bras. C’est un challenge !", conclut-il.

D’autres Ponténégrins partagent son enthousiasme. "Je suis venue au centre par curiosité, pour donner de la dignité à ceux qui en sont privés. J'y ai été formée à l’orthophonie", souligne Christelle Estelle Bouangui, une bénévole. Parmi les rares centres spécialisés du pays, le CSROO est un allié précieux pour les parents. "J’ai inscrit mon enfant ici grâce à ma voisine. J’avais déjà perdu espoir... Aujourd’hui, on ne murmure plus derrière moi ; mon fils est devenu 'normal', donc utile", se félicite Marie. Pas évident, cependant, de faire accepter le handicap aux familles et au reste de la société et de construire un avenir digne pour toutes les personnes handicapées. "Il est difficile d’apporter une solution durable à toutes les anomalies, constate Paul Labou, avant de conclure. Nous passons parfois cinq à six ans rien qu’à apprendre à un enfant à tenir une cuillère…"

 

John Ndinga-Ngoma

 

 

Février 2010

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 10:08

(Syfia/CRP) Depuis deux ans, une dizaine de jeunes diplômés, hier encore sans emploi exploitent des étangs et fournissent 12 tonnes de poissons frais par an aux Ponténégrins. Réunis en association, ils se prennent en charge et luttent en même temps, à leur niveau, contre la vie chère.

 

Bottes aux pieds, pelle, machette et filet à la main, des jeunes diplômés, il n'y a pas si longtemps encore sans emploi, s'activent. Certains pêchent. D'autres aménagent des étangs. Nous sommes à Hinda, un district du département du Kouilou, situé à une quarantaine de kilomètres de Pointe-Noire, sur la nationale n°1.

Euloge Pangou, agronome, président de la Copragel (Coopérative pour la promotion et la relance de l’agriculture et l’élevage), une OSC congolaise, se souvient des débuts de cette aventure : "Les gens avaient besoin de poisson frais. Nous nous sommes donc lancés, en 2008, dans la pisciculture. Le plus difficile a été d'acquérir un site et du matériel". Depuis, cette activité fait vivre les dix membres de la coopérative âgés de 18 à 40 ans. Parmi eux, des bacheliers et des licenciés, agronomes, architectes, pêcheurs, au chômage. "Au début du projet, nous gagnions 50 000 Fcfa (75 €) le mois, aujourd’hui autour de 75 000 Fcfa (115 €)", se réjouit Euloge Pangou. Au Congo, le Smig est à 50 000 Fcfa (75 €).

Avec une production annuelle estimée par la Copragel à 12 tonnes en 2009, la coopérative a des points de vente dans certains marchés des environs de Pointe-Noire. Elle ravitaille par ailleurs les grands restaurants de la ville. "Nous luttons contre la vie chère en vendant aux restaurateurs le kilo de poisson à 2 000 Fcfa (3 €). Ces derniers vendent ensuite aux consommateurs des plats allant de 2 500 à 5 000 Fcfa (de 4 à 7,5 €)", se félicite Joachim Moussounda, pêcheur, membre de la Copragel, chargé de la gestion des étangs et du suivi des ventes.

 

Des poissons plus sains

Au-delà du prix, les clients apprécient aussi la qualité des produits. Gaspard, un des grands restaurateurs de Pointe-Noire, explique : "Avant, des commerçants nous fournissaient des poissons congelés en provenance d’Europe. Il y avait aussi ceux pêchés par les Chinois, mais depuis qu'ils ont provoqué vomissements et diarrhées chez certains consommateurs, nous nous tournons vers les poissons frais qui sortent des étangs de Hinda et d’autres sites pour protéger la santé de nos clients."

Les consommateurs semblent effectivement en être plus friands. "La pêche en mer à la dynamite des Chinois au large de Pointe-Noire nous fait peur et nous pousse vers les produits de l’aquaculture", résume Kevin Massala, surpris en train de savourer son maboké de carpe (poissons frits à l’étouffé), dans un autre site piscicole de Pointe-Noire où le poisson est consommé sur place.

La Copragel a pu réaliser son projet grâce à l’appui financier d’International Partnership for Human Development (IPHD), une ONG américaine basée au Congo (1,5 million de Fcfa, près de 2 300 €) et de fonds publics de soutien à l’agriculture (5 millions de Fcfa, environ 7 600 €). Selon Jean Macaire Bantou, directeur de l’aquaculture continentale au ministère chargé de la Pêche "les activités menées par ces jeunes sont à encourager, mais ils devraient prendre avant de se lancer des conseils auprès de professionnels pour maximiser leur production et travailler selon les normes (respect de la profondeur et du périmètre des étangs, de la taille des poissons à capturer, etc., Ndlr)".

Le ministère prévoit ainsi de lancer en 2010 un programme au cours duquel seront remis des kits aratoires et de pêche à certaines associations. Des techniciens encadreront les différents bénéficiaires. Et le ministère devrait installer, dans certains départements où est développée la pisciculture, des radios pour vulgariser cette activité.

 

Marien Nzikou-Massala

 

 

Février 2010

 

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 10:06

(Syfia/CRP) À Pointe-Noire, la cupidité et la conduite parfois carrément dangereuse de certains chauffeurs de bus et de taxis irritent de plus en plus les usagers. Transporteurs, associations et autorités avancent différentes explications et solutions.

 

Dix heures du matin. "Nous nous arrêterons au 'grand marché' (marché central, Ndlr)", annonce le receveur d’un bus à la foule innombrable qui attend depuis six heures du matin à la gare routière du quartier Fond Tié Tié à Pointe-Noire. Comme tant d'autres, Bernadette Ganga Manza, journaliste à l’Agence congolaise d’information, sera obligée d’emprunter un autre véhicule au marché central et donc de payer le double des 150 Fcfa (0,25 € environ) qu'elle prévoyait initialement de débourser. Appelée "demi-terrain ", cette pratique, qui consiste à ne pas respecter les destinations et à écourter les distances, est à la mode à Pointe-Noire. En janvier dernier, des passagers ont tabassé le chauffeur et le receveur d’un bus, excédés par l’équipage qui voulait leur imposer cette pratique.

"Le demi-terrain découle de l’envie du gain rapide, regrette Prisca Mankou, institutrice. Officiellement, la course en taxi coûte 700 Fcfa (un peu plus de 1 €) quelles que soient la destination et l’heure. Mais, vous devez payer le double pour aller à l’aéroport ou au centre-ville. Et, dès 21 heures, le coût de la course dépasse 2 000 Fcfa."

Les transporteurs se défendent en disant qu'avec ce système de tarification ne leur permet pas de gagner leur vie. Ils avancent différents arguments pour justifier ces augmentations. "Les embouteillages et le prix du carburant nous y obligent. À cela s’ajoutent le lavage et l’entretien du véhicule. Il faut surtout verser pour la recette 40 000 Fcfa (environ 61 €) au propriétaire du véhicule par jour pour un bus et 15 000 Fcfa (23 €) pour un taxi", explique Yves Kouanga, secrétaire à la communication de la Fédération syndicale des professionnels du transport et de l’hôtellerie et du gardiennage du Congo (FESYPTHGC), affiliée à la Confédération syndicale congolaise. A Pointe-Noire comme dans d'autres villes congolaises, le transport urbain n'est en effet pas exploité par de grandes entreprises, mais plutôt par des particuliers, qui, avec seulement 3 000 €, s'achètent un véhicule d'occasion généralement en Belgique et l'exploitent souvent dans le secteur informel.

 

Conduite "commerciale" source d’insécurité

Difficile, dans ces conditions, de faire respecter la loi... "Je lui ai reproché d’avoir mal garé son véhicule, mais ce chauffeur m’a fait savoir qu’il avait le droit de tout faire à sa guise parce que son bus appartenait à une autorité", se plaignait, récemment, un policier. Pour cet agent, la réponse du chauffeur dénote "un manque de savoir-vivre". Les vêtements et la propreté des membres d’équipage des bus laissent aussi à désirer.

Beaucoup plus grave, certains transporteurs violent le Code de la route, afin, soi-disant, de "rattraper le temps perdu". C’est la conduite dite "commerciale". Bien qu’aucun chiffre ne soit disponible, on déplore chaque jour des accidents à cause de feux rouges grillés ou de dépassements dangereux. Récemment, la police avait déployé la brigade anti-criminalité et la compagnie d’intervention pour renforcer l’unité de la circulation routière, histoire de "discipliner les transporteurs", selon un officier. En vain… Ce renfort a été supprimé.

 

Former les transporteurs, réformer le transport

Conscients de leur mauvaise image, des représentants des chauffeurs proposent de faire le ménage dans les rangs. "La plupart des transporteurs sont recrutés grâce à une connaissance, ce qui explique toutes les inconduites observées. Il faudrait qu'ils aient au minimum un BEPC et aient été formés dans une auto-école", déclare une autre source à la FESYPTHGC. De son côté, l’Association de défense des droits des consommateurs du Congo (ADDCC) promet de mener une étude et d'expliquer ensuite aux transporteurs les "bonnes manières". Selon le président de cette association, Jean-Claude Mabiala, ce travail débouchera sur une série de recommandations comme l’installation de compteurs dans les taxis ou la réhabilitation de l’ancienne société publique des transports de Pointe-Noire, dissoute au début des années 90. L'idée est dans l'air depuis un moment. En 2006 déjà, à la suite d'une grève des transporteurs, qui avait paralysé l’administration durant trois jours, La Nouvelle République, un hebdomadaire gouvernemental, avait publié un éditorial intitulé "Libéraliser à l’absolu peut mener à l’anarchie", dans lequel il insistait sur la nécessité d'avoir une entreprise publique de transport dans toutes les grandes villes congolaises.

Une nécessité que reconnaît la municipalité de Pointe-Noire. Mais, nuance Léon Blaise Taty, directeur des transports, "depuis la libéralisation du secteur, afin de promouvoir le développement économique, notre souhait est de voir arriver un grand investisseur privé qui s’associerait à la municipalité. Cela pourrait se réaliser avec la coopération décentralisée et permettrait peut-être de mettre fin aux caprices des transporteurs".

 

John Ndinga-Ngoma

 

Février 2010

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 10:04

(Syfia/CRP) Ces dernières années, les Brazzavillois cherchent à embellir leur cadre de vie. Certains veulent de belles plantes dans leur jardin, d'autres sur leur lieu de travail. De jeunes chômeurs devenus fleuristes parviennent ainsi à gagner leur vie.

 

Au cœur de Brazzaville, le long de la grande avenue du marché Plateau ville, une quarantaine de fleuristes sont à l'affût des clients. Séverin Wadiabantou, dans le métier depuis huit ans, produit et vend toutes sortes de plantes. Il aménage également des jardins. Plus loin, Wilfried Nkoukou arrose ses "protégées". Il a remplacé son père aujourd’hui à la retraite : "Certaines plantes sont semées en pépinière ; quand elles commencent à pousser, je les mets ensuite dans des sachets pour les vendre", explique-t-il. Wilfried gagne en moyenne 60 000 Fcfa (plus de 90 €) par mois. David livre lui des fleurs à domicile chez des particuliers, dans les hôtels, les restaurants et compose des bouquets pour les mariages, baptêmes et cérémonies officielles. Sa recette mensuelle est comprise entre 60 et 100 000 Fcfa (90 et 150 €). Lui aussi gagne donc largement plus que le Smig congolais (50 000 Fcfa - 75 €).

Bon nombre de jeunes chômeurs, âgés de 20 à 30 ans, deviennent ces derniers temps fleuristes, la plupart du temps après un échec scolaire. David Mouanga, 25 ans, exerce ce métier avec passion depuis une dizaine d’années. Il travaille pour son plus grand plaisir dans un jardin où poussent toutes sortes de plantes (jasmin, roses, tulipes, alpinias, flamboyants, becs de perroquet).

 

Stop à la dégradation de l'environnement

Si les débouchés sont importants, c'est parce que la demande en fleurs, autrefois exclusivité des expatriés, s’est élargie aux Congolais désormais soucieux d’orner leurs parcelles et même leurs lieux de travail. "À la demande des patients, nous avons implanté un jardin dans notre hall d’attente. Aujourd’hui, cet espace est plus agréable et surtout plus reposant pour les malades", constate une infirmière de la clinique Les Rosiers. Pour sa part, Évelyne, propriétaire d’un restaurant à Mfilou dans le 7e arrondissement s’approvisionne toutes les semaines chez son fleuriste : "Mon grand père avait un jardin dans sa parcelle. Chaque semaine, il nous offrait, à mes sœurs et à moi, des bouquets. Avec le temps, j’ai pris l’habitude d’en donner moi aussi à mon entourage."

Grâce à la passion des habitants et des vendeurs, présents dans presque tous les coins de la ville, Brazzaville redevient, petit à petit, "Brazza la verte" appelée ainsi pour sa luxuriante végétation. Cyril Bavouidi, étudiant, s'en félicite : "La ville a l’air plus propre ; la Mairie devrait penser à s’associer à ces jeunes fleuristes pour obtenir encore de meilleurs résultats". Une idée que M. Biyoudi, de l’association municipale À vos bras juge "très intéressante", avant de nuancer, "encore faut-il qu'ils acceptent, car ils sont habitués à exercer en free-lance."

Virgile Safoula, de l’ONG Environnement développement des initiatives, approuve et encourage en tout cas toutes les bonnes volontés. "C’est par l’ensemble de ces entreprises, souligne-t-il, que nous arriverons à combattre la dégradation de l’environnement."


Annette Kouamba Matondo

Février 2010

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 09:37

(Syfia/CRP) Des associations congolaises militent pour le respect de l'interdiction des pétards et conseillent aux parents de ne plus en offrir à leurs enfants. Cette année encore, lors des fêtes, les détonations ont réveillé les traumatismes de certains Congolais.

 

Surprise par les détonations des pétards, Clémence a failli trébucher. "Idiots, vous êtes fous ou quoi ?" lance-t-elle aux gamins, tout joyeux, qui courent en tous sens dans les rues de Brazzaville le soir de la Saint-Sylvestre. "C'est maman qui m’a acheté ces pétards", raconte un garçon de 12 ans. D'autres parents, comme Martial, estiment que c'est mauvais d'en acheter aux enfants, d'autant que "c’est défendu", rappelle-t-il.

Cette année encore, pendant les fêtes, ces pétards, interdits, ont fait du bruit à Brazzaville. En 1991, les autorités avaient pourtant décidé de proscrire leur utilisation à cause des "nuisances sonores" qu'ils occasionnent. Trois ans plus tard, elles en interdisaient l'importation. Une interdiction confirmée en 2001, et toujours en vigueur. Mais certains commerçants ne la respectent toujours pas. "Je sais que la vente est interdite, alors je les vends en cachette", avoue Sylvie. Fabriqués le plus souvent en Chine, ces explosifs transitent par Kinshasa (RD Congo), avant d’arriver au Congo Brazzaville où ils sont vendus en gros dans les boutiques chinoises.

"Celui qui sera surpris (en possession de pétards, Ndlr) sera arrêté et ces objets détruits", promettait, avant les fêtes, une autorité de la police. Pourtant, malgré les nombreuses infractions, personne n’a été arrêté et aucun pétard détruit. Cette année encore, bon nombre d'agents du service de répression des fraudes du ministère du Commerce qui, à l’approche des fêtes, descendent sur le terrain pour contrôler la présence de ces pétards dans les marchés, sont restés passifs, accusés parfois de s'être laissés corrompre par des vendeurs.

 

Boycott des parents, surveillance des autorités

Le bruit des pétards rappelle à certains celui des armes qui ont parlé lors de la guerre civile. "Quand j’entends ça, j’ai l’impression de revenir en 1997. Cela réveille en moi les mauvais souvenirs, les détonations d'armes, les cadavres…", dit Firmin, qui a perdu des amis à cette époque. Comme lui, beaucoup restent traumatisées par cette guerre. "Les pétards font vraiment peur", confirme maman Roche. Pour ces gens fragilisés, comme pour les cardiaques et les femmes enceintes, ils présentent différents dangers, selon le docteur Daniel Mbey, psychologue et cardiologue de formation.

Pour mettre fin à leur utilisation abusive, le Réseau des intervenants sur le phénomène des enfants en rupture (REIPER) et l’ONG Education en milieu ouvert (EMO) ont demandé aux parents la veille des fêtes d’offrir autre chose aux enfants. "Beaucoup ont suivi nos conseils", assure Hervé Paloulou, coordonnateur d'EMO. En 1995, plusieurs associations en concertation avec des responsables religieux avaient déjà alerté les familles. Sans succès… Aujourd'hui, M. Paloulou pense qu’il faut définitivement supprimer les pétards de la liste des produits à importer car "une fois sur le marché, on ne peut plus les contrôler".

L’Association congolaise pour la défense des droits du consommateur est du même avis. Elle estime que la responsabilité de la situation actuelle incombe aux autorités qui surveillent leur entrée dans les ports et les aéroports. "Il y a eu moins de pétards ces dernières années, mais la police et la douane doivent appliquer les textes en vigueur. Nous avons constaté un laisser-aller dans le contrôle des importations", explique Dieudonné Moussala, président de ladite association dont une des missions est d’informer les autorités de l’existence de ces produits sur le marché.

 

 

El-Staël Enkari

 

 

Janvier 2010

 

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 09:35

(Syfia/CRP) "Il n’est jamais trop tard pour bien faire, dit une maxime. Depuis mai dernier, 142 personnes analphabètes ou déscolarisées apprennent à lire et à écrire grâce à une OSC congolaise. Parmi ces élèves, les 35-40 ans sont très motivés, déterminés à suivre le travail scolaire de leurs enfants, décrocher un travail ou mettre fin aux moqueries de leurs proches.

 

À l’école primaire Alexis Makosso de Pointe-Noire, une vingtaine d'élèves pas tout à fait comme les autres suivent le cours de Mme Ida Noëlle Ngoma, membre de l'Association nationale pour l'éducation prénatale (ANEP), une OSC congolaise. Parmi ces apprenants, des parents qui vont pour la première fois en classe. Certains ont un niveau de cours préparatoire. Marie, une maman de 38 ans, apprenante de niveau CM1, explique : "Mon mari est constamment absent de la maison. Il n’y a personne pour suivre le travail scolaire des enfants, ne serait-ce que vérifier leur cahier. J'apprends à lire et à écrire pour les aider. Aujourd’hui, que mon mari soit là ou pas, je peux suivre leur travail."

"Le retour des parents sur les bancs de l’école a un double impact : sur leurs connaissances et sur l’éducation de leurs enfants", se réjouit René Batola, coordonnateur de ce projet, grâce auquel, depuis mai dernier, 142 personnes analphabètes ou déscolarisées dont huit adultes de 35 à 40 ans apprennent à lire et à écrire. Ce programme, soutenu par le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI) dans le cadre du Programme concerté pluri acteurs (PCPA) Congo prendra fin d'ici quelques jours, en février. Certains apprenants ne comptent pourtant pas en rester là et souhaitent décrocher un premier diplôme. "Former ces personnes, c’est aussi leur donner la chance d’être utiles au pays. Ceux qui ont à cœur de les aider peuvent se rapprocher de l’ANEP pour qu’ensemble nous regardions comment pérenniser la formation et présenter ces apprenants aux examens d’État en juin", propose René Batola.

 

"Sortir de ce trou d’analphabétisme"

En quelques semaines, les progrès des uns et des autres sont en tout cas encourageants. Avant de participer à ce programme, ce policier dans la trentaine était complètement analphabète. Recruté sur recommandation d’un copain bien placé, il était traité par ses collègues comme l’homme à tout faire. "On se moquait de moi. Je m’arrangeais toujours pour travailler en duo pour camoufler mes insuffisances... Même pour percevoir mon salaire, je me faisais accompagner par quelqu'un qui remplissait les fiches et signait à ma place. Petit à petit, je commence à sortir de ce trou d’analphabétisme", se félicite le policier désormais capable d'établir sans l'aide de personne des contraventions…

Charles a lui aussi souffert de dépendre des autres : "J’ai manqué pas mal d’opportunités de travail parce que je ne savais ni lire ni écrire. Mes amis se moquaient de moi. C'est cette honte qui m'a décidé à suivre ce cours. C’est la première fois de ma vie que je mets les pieds dans une salle de classe. Maintenant, je peux écrire mon nom."

Du côté des éducateurs, il n'est pas toujours facile d'enseigner à ces élèves. Ida Noëlle Ngoma explique : "Ces apprenants ne sont pas habitués à parler français. C’est très dur, parce qu’il faut parler et traduire au même moment." La formatrice ne cache cependant pas sa joie de travailler avec des élèves aussi motivés : "Ils ont une très bonne capacité d’assimilation. Parmi les 28 que j’encadre, un seul a échoué. Ma satisfaction sera totale quand ils seront capables de faire un rapport ou d'écrire des lettres eux-mêmes."

L’État a mis à la disposition de l'ANEP des salles de classe. Le directeur départemental de l’enseignement primaire et secondaire dans le département du Kouilou, au sud du Congo, la juge encourageante. Il est vrai que depuis les années 90, les cours du soir réservés aux adultes n'existent plus dans le pays. Les formations assurées par des OSC sont donc quasiment les seules à permettre encore à des adultes et à quelques jeunes non scolarisés de rattraper les années perdues loin des bancs de l’école.

 

 

Marien Nzikou-Massala

 

 

Janvier 2010

 

 

 

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 09:34

(Syfia/CRP) Dans les grandes villes du Congo, la sape, plus qu'une simple mode vestimentaire rapproche les jeunes de toutes les ethnies et les éloigne de la violence. Une façon élégante et moderne de participer à l'unité du pays après une décennie de guerre civile.

 

Main Bleue, bar dancing situé à Bacongo, au sud de Brazzaville. Des jeunes, en veste et cravate, viennent à leur rendez-vous du week-end. Ils font des va-et-vient devant et à l’intérieur du bar. Leur façon de marcher et de parler attire les regards. Ces ardents défenseurs de la Sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes) viennent des sept arrondissements de la capitale et appartiennent à toutes les ethnies. Ils se côtoient, sans heurts. Les samedis et dimanches, les riverains des grandes artères et de certains bars dancing de la ville assistent à leurs défilés au cours desquels ils exhibent la griffe de leurs habits et leur art de marier les couleurs.

Samba Le Maire a été sacré meilleur sapeur de Brazzaville à l’issue d’un concours organisé en 2008 en partenariat avec les ambassades de France, d’Italie et des États-Unis. Étiqueté ambassadeur pour la paix universelle pour ses œuvres de bienfaisance envers les démunis, il raconte que lui et ses amis se sont rendus l’an dernier à Kinkala, Boko et Mindouli, villes du département du Pool touchées par la guerre, pour former des ex-combattants à la sape.

Chez nous, explique Amour Mayoma, un sapeur de Bacongo, il n’y a ni bandit, ni considérations ethniques : "Si on est bien habillé, on a droit à des applaudissements. Si on est mal habillé, on mérite des moqueries, cela quelles que soient les origines ethniques." Oba Prime, dit Igor Le nécessaire, sapeur de Mikalou au nord de la capitale, confirme : "J'ai des amis sapeurs qui vivent à Bacongo et Makelekelé (quartiers sud de Brazzaville majoritairement peuplés d'une autre ethnie que la sienne, Ndlr). Nous sommes tous des sapeurs congolais."

 

Bagarres et tribalisme démodés

La création de l’Association des sapeurs du Congo (ASSACO) en 2006, qui en regroupe près de 500 sur des milliers en activité, a permis de répertorier et de développer l'unité du mouvement. "À chaque fête d’indépendance, tous les sapeurs brazzavillois participent au défilé populaire devant le chef de l’État et les institutions de la République. Aujourd’hui, on n'assiste plus à des bagarres", souligne Destin Ndoudi, président de l'association. Les autorités confirment : "Nous n’avons jamais eu à arranger un différend entre sapeurs. Ce sont des personnes courtoises et intéressantes", estime un sous-officier de la direction générale de la police.

Certains se demandent cependant comment ils se procurent ces habits parfois extrêmement chers. Bindesso Honoré (connu sous le pseudonyme de Wassenga Kimpedi) lève le mystère : "La plupart ont des parents en Europe qui leur envoient des costumes, chemises, cravates ou des chaussures. D’autres exercent des métiers qui leur permettent de gagner honnêtement leur vie. En tout cas chez nous, le vol et l’escroquerie sont prohibés."


 

Festival et Prix du meilleur sapeur

Selon M. Rock Tondo Mayela, président de l'association Union pour la paix, la démocratie et le développement, les sapeurs contribuent à l’édification d’un Congo uni et réconcilié. Dans le même esprit, afin de faire tomber toutes les barrières, il demande aussi aux pouvoirs publics de promouvoir les mariages interethniques.

En attendant, l'attitude pacifique des sapeurs leur vaut la reconnaissance officielle. Pour M. Albert Kimbouala, directeur au ministère de la Culture et des arts, ils assurent la promotion des valeurs du Congo. Des films à leur sujet sont en effet vus dans le monde entier. Ils sont d'ailleurs souvent reçus par le chef de l’État. En 2010, le Prix du meilleur sapeur et un festival en leur honneur devraient être organisés par les autorités.

 

Bertier Batebi

 

Janvier 2010

 

 

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 09:32

(Syfia/CRP) Ces derniers temps, à la morgue et dans des veillées mortuaires de Brazzaville, des femmes en tenues légères troublent le recueillement des familles éprouvées. Certaines vendent ainsi leurs corps, d'autres cherchent un mari. Des associations militent pour trouver des solutions en amont à ce phénomène lié à la pauvreté, l'ignorance et l'isolement de ces femmes.

 

8 h 30 du matin. Les gens arrivent en masse à la morgue municipale de Brazzaville pour les cérémonies de recueillement. Dans un groupe, deux femmes, très légèrement vêtues, sont stoppées à l’entrée du portail principal par des agents de sécurité. Depuis août dernier, la direction leur a confié pour mission de refouler toutes celles qui portent des tenues qu'ils jugent indécentes. Jasmine, venue soutenir sa camarade de classe qui vient de perdre son père, n'y trouve rien à redire : "C’est normal de chasser les femmes qui ornent leurs corps de bijoux, mettent des dos nus ou sont 'en bras cassés' (manches coupées à la limite des aisselles, Ndlr). Nous ne venons pas ici pour nous faire voir, mais pour partager la douleur de celui qui est éprouvé."

"Quand je suis habillée ainsi, mon corps respire bien et je me trouve à l’aise. Maintenant, s’il y a des gens qui pensent qu'être en sexy signifie attirer des hommes, ça n’engage qu’eux. Ceux qui tombent dans le piège n’ont peut-être pas la maîtrise de leur instinct sexuel…", répond une universitaire. Après six mois de strict contrôle vestimentaire, le nombre de femmes qui se présentent en tenue sexy à la morgue a, d'après la direction, diminué. Toutefois, de temps à autre, même des mamans y exposent leur corps pour attirer les regards.

Pour certaines célibataires ou veuves, les veillées mortuaires sont aussi une occasion pour trouver l'âme sœur. "Elles y vont pour trouver un mari ou se faire de l’argent, en portant des habits qui ne les honorent pas. Puis, elles vont s’asseoir dans les bars pour prendre de l'alcool. C’est là qu'elles marchandent leur corps contre de l’argent", raconte Patrick Ngoma, diplômé sans emploi.

 

"Leur proposer de vraies activités"

"Ce racolage a pris de l’ampleur au lendemain des guerres récurrentes que le Congo a connues, comme si les mauvaises mœurs en sommeil s'étaient réveillées. Ces derrières années, la situation a empiré, car la femme est de plus en plus pauvre. Beaucoup de veuves ont des enfants à charge", analyse Jeanne Ngouma. Cette veuve, ingénieur en développement rural et coordonnatrice de projets d'ONG féminines, poursuit : "Ces femmes ne parviennent pas à vivre et à s’assumer seules parce qu’elles sont ignorantes de leur rôle dans la société. Des associations les appuient, mais certains hommes préfèrent qu'elles restent dans la précarité pour continuer à les exploiter", analyse-t-elle.

Plutôt que de les exclure encore plus ou de les sanctionner, les ONG militent pour différentes solutions de fond. Martial Édouard Yoka, membre de l’Association Mibeko, une OSC congolaise œuvrant pour la défense des droits des femmes, suggère : "L’État et la société civile devraient procéder à des campagnes de sensibilisation, afin de ramener la femme aux bonnes mœurs et à la conscience". Jeanne Ngouma, appelle également à traiter le problème en amont : "Pour éviter que des femmes pauvres et oisives ne se livrent au racolage, il faut leur proposer de vraies activités qui leur permettent de se prendre en charge."

 

 

Jean Thibaut Ngoyi

 

Janvier 2010

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 10:08

(Syfia/CRP) Au Congo, le diabète mobilise associations spécialisées et autorités. Celles-ci mènent différentes opérations pour expliquer l'importance de consulter un médecin dès les premiers symptômes, d'avoir une alimentation pauvre en sucre et en graisse, et de pratiquer régulièrement une petite activité physique.

 

Quand Françoise, la quarantaine, apprend en 2008 qu’elle a le diabète, le monde autour d’elle s’écroule : "Je me suis souvenue de ma cousine qui était sous insuline. Nous étions parfois obligés de nous cotiser pour payer son médicament, tellement il coûtait cher." Si l’insuline est restée au même prix depuis 2006, les autres traitements ont dans l'ensemble baissé. "Beaucoup de fournisseurs indépendants ne respectent pas cette baisse exigée par le gouvernement. Ceux qui en tiennent compte sont la plupart du temps partenaires des autorités", nuance un pharmacien de Brazzaville.

Issue d’une famille modeste, Françoise n’avait en tout cas jamais songé à se faire dépister, alors qu’au Centre hospitalier universitaire (CHU) de la capitale congolaise, le prix d'un dosage de glycémie (vérification du taux de sucre dans le sang) est compris entre 1 500 Fcfa et 2 500 Fcfa (entre 2,30 et 3,80 €) seulement selon les services. Par manque d'informations, plusieurs patients apprennent qu’ils sont diabétiques au cours d’une visite a priori anodine chez le médecin. De gros enfants (plus de 4,5 kg) à la naissance, des infections cutanées à répétition, des plaies qui cicatrisent mal sont autant de signes d'alerte qui doivent inciter à consulter rapidement un médecin. "Certains se sentent fatigués ou maigrissent, d'autres boivent et urinent plusieurs fois dans la nuit. Demandez à votre médecin de vous faire une 'glycémie' pour en avoir le cœur net, conseille le docteur Elenga Bongo Charles Elomate endocrinologue au CHU de Brazzaville, avant de préciser, un diabète sucré ne se diagnostique que par la glycémie, mais avec le diabète insipide (pas de sucre dans les urines, Ndlr) les symptômes passent inaperçus."

 

Alerter les Congolais

Le diabète serait en augmentation au Congo. "Nous avons au moins une hospitalisation par jour depuis 2005 (année où ont débuté les enquêtes sur cette maladie, Ndlr) en dehors des cas qui consultent nos hôpitaux de base, des cabinets privés et la médecine traditionnelle", précise le docteur Elenga. "Le centre privé Diabecare (second centre médico-social pour diabétiques après le CHU, Ndlr) compte, après quatre ans d’activité, 8 à 9 000 patients. Ce sont les mêmes qui vont au CHU et reviennent, mais c’est quand même énorme", fait remarquer le docteur Évariste Bouenizabila de l’association congolaise Diabaction. Il explique encore que l’une des principales causes de cette recrudescence est le dépistage tardif du diabète qui est alors à un stade très avancé.

"Si on ne prend pas des mesures draconiennes, l’augmentation sera catastrophique. Le Congo compte environ 20 000 diabétiques. D’ici 25 ans, ce chiffre va doubler. Le diabète est un problème de santé publique qui mérite une prise en charge globale", insiste le docteur Elenga. Un pronostic sur lequel le professeur Alexis Elira Dokekias, directeur général de la Santé, émet des réserves : "En matière de statistiques, je ne peux pas me contenter des résultats de Brazzaville en excluant ceux de l’intérieur du pays. Il faut une étude qui prenne en compte tous les départements du Congo." Cependant, M. Elira reconnaît que la situation est préoccupante.

En collaboration avec Diabaction, le ministère en charge à la Santé a démarré il y a cinq ans un programme pour alerter les Congolais : nécessité de se faire dépister chaque année, conseils nutritionnels (éviter une alimentation trop sucrée et trop grasse), faire une activité physique modérée régulièrement, etc. Des sensibilisations qui marchent plutôt bien dans les grandes villes, mais n’ont pas le même impact dans les coins reculés du pays.

 

Annette Kouamba Matondo

 

 

Janvier 2010

 

 

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Le partenaire

Syfia international est partenaire du CRP dans la mise en œuvre du projet. Son bureau français, l'association Journalistes Médiateurs (J'M), assiste le CRP dans la gestion financière de l'action et le suivi rédactionnel des journalistes, en particulier dans la production des articles. Syfia regroupe 15 agences de presse dont 12 en Afrique (parmi lesquelles le CRP) et 3 en Europe. Les 100 journalistes de l'équipe travaillent en réseau pour produire et diffuser des informations prioritairement destinées aux médias et aux lecteurs et auditeurs du Sud.

Les medias associés

La vingtaine de journalistes participants sont tous membres de radios ou de journaux de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Sibiti, Djambala et Ewo. Leurs responsables diffusent les émissions et les articles réalisés dans le cadre du projet et participent activement aux formations. La présente action mise en particulier sur les radios rurales pour élargir la diffusion vers l'intérieur du pays.

 

Autorités et OSC associées

24 associations de soutien aux femmes et 24 autorités locales (4 sur chacun des 6 sites de l'action) prennent l'habitude de se réunir régulièrement. Les OSC rurales sont davantage connues des médias et reconnues par les autorités.

Contact

Centre de Ressources pour la Presse – Gaston Elbi Enkari
g.elbienkari(a)gmail.com

 

Syfia international – Bureau français : association Journalistes Médiateurs - 125, rue Raimu - 34 070 Montpellier - Emmanuel de Solère Stintzy
edesolere(a)gmail.com